Dissertation: La fortune des rougons. Recherche parmi 274 000+ dissertations. Par Amandine Thouvenin ‱ 11 Novembre 2021 ‱ Dissertation ‱ 1 206 Mots (5 Pages) ‱ 97 Vues. Page 1 sur 5. Intro et prĂ©paration : LehĂ©ros, Serge Mouret, est le fils de François et de Marthe Mouret, personnages principaux du prĂ©cĂ©dent roman. OrdonnĂ© prĂȘtre Ă  l'Ăąge de vingt-cinq ans, il choisit d'exercer son ministĂšre dans le petit village des Artauds, Ă  quelques kilomĂštres de Plassans, sa ville natale. LĂ , il sent monter en RĂ©sumĂ©de La Fortune des Rougon, Émile Zola Chapitre I DĂ©cembre 1851. ÂgĂ© d'environ dix-sept ans, SilvĂšre doit quitter Plassans, petite ville du Midi, et sa tante Dide, rĂ©publicain convaincu et armĂ©, pour rejoindre les insurgĂ©s du mouvement populaire de rĂ©volte contre le coup d'État de Louis-NapolĂ©on Bonaparte. Collection« Classiques » dirigĂ©e par Michel Zink et Michel Jarrety Zola La Fortune des Rougon Dans la petite ville provençale de Plassans, au lendemain du coup d'Etat d'oĂč va naĂźtre le Second Empire, deux adolescents, Miette et SilvĂšre, se mĂȘlent aux insurgĂ©s. Leur histoire d'amour comme le soulĂšvement des rĂ©publicains traversent le roman, mais RĂ©sumĂ©chapitre par chapitre du roman La Fortune des Rougon d’Emile Zola Sept chapitres constituent cette Ɠuvre. Chapitre 1 L’action se dĂ©roule Ă  Plassans, dans le sud de la France, en dĂ©cembre 1851. Un terrain vague, qui Ă©tait autrefois un cimetiĂšre, appelĂ© Aire Saint-Mittre, attire les enfants, les gitans, les amoureux, etc. Vay Tiền TráșŁ GĂłp 24 ThĂĄng. Dissertation Français, Ă©ditions Ellipses, par Nathalie Leclercq PrĂ©face Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d’ĂȘtres, se comporte dans une sociĂ©tĂ©, en s’épanouissant pour donner naissance Ă  dix, Ă  vingt individus qui paraissent, au premier coup d’Ɠil, profondĂ©ment dissemblables, mais que l’analyse montre intimement liĂ©s les uns aux autres. L’hĂ©rĂ©ditĂ© a ses lois, comme la pesanteur. Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire. Titre scientifique Les Origines. 1871 I Le livre s’ouvre sur la description de Plassans et de son cimetiĂšre lentement transformĂ© en terrain vague. SilvĂšre, avec un fusil, attend Miette. Il part le soir mĂȘme pour rejoindre les rĂ©publicains. Ils ont du mal Ă  se sĂ©parer, ils se promĂšnent longuement, dans la grande pelisse de la jeune fille de treize ans. Puis ils rencontrent la troupe de rĂ©publicains qui chantent la Marseillaise, Miette s’empare du drapeau et tous deux rejoignent la troupe. II Une nouvelle description de Plassans et de ses trois quartiers celui des nobles, celui de la bourgeoisie et celui du peuple. Ce fut dans ce milieu particulier que vĂ©gĂ©ta jusqu’en 1848 une famille obscure et peu estimĂ©e, dont le chef, Pierre Rougon, joua plus tard un rĂŽle important, grĂące Ă  certaines circonstances. » AdĂ©laĂŻde Fouque, nĂ©e en 1768, orpheline Ă  18 ans, dont le pĂšre mourut fou, Ă©tait une grande crĂ©ature mince, dont le bruit courait qu’elle avait le cerveau fĂȘlĂ©, comme son pĂšre. Elle Ă©pousera un paysan mal dĂ©grossi, Rougon, dont elle aura un fils Pierre. Mais Rougon meurt subitement quinze mois aprĂšs leur mariage, AdĂ©laĂŻde prend un amant, ce gueux de Macquart » qu’elle rejoint aussi souvent que possible dans sa masure qui est voisine Ă  sa propriĂ©tĂ©. Pour mieux se rejoindre, ils percent mĂȘme une porte dans le mur mitoyen. Elle aura deux enfants de cette union, Antoine Macquart, une brute oĂč la franchise sanguine du pĂšre tournait en sournoiserie pleine d’hypocrisie et Ursule, crĂ©ature chĂ©tive et maladive. AdĂ©laĂŻde ne s’en occupe guĂšre, ils sont complĂštement libres. Pierre, juste milieu entre le paysan Rougon et la fille nerveuse AdĂ©laĂŻde, un paysan moins rude, Ă  l’intelligence plus large et plus souple, comprend sa situation et s’arrange pour se rendre maĂźtre de sa mĂšre, par des regards pleins de sous-entendus. Il la martyrise psychologiquement. Puis, une fois sa mĂšre rĂ©duite en esclavage, il prend en mains le domaine de la Fouque, laisse partir Antoine au service militaire, accepte sans problĂšme que Mouret, un ouvrier chapelier, Ă©pouse Ursule et parte Ă  Marseille. Mouret est trĂšs amoureux de sa femme et refuse mĂȘme l’argent de Pierre, Ă  la grande surprise de celui-ci. Le hasard sert encore ses desseins. DĂ©sireux de se dĂ©barrasser de sa mĂšre, il l’envoie dans la masure de l’impasse Saint-Mittre du contrebandier Macquart qui vient de se faire tuer par les gendarmes. Elle pendit la carabine au-dessus de la cheminĂ©e, et vĂ©cut lĂ , Ă©trangĂšre au monde, solitaire, muette. » Pierre vend La Fouque, fait signer un reçu Ă  AdĂ©laĂŻde qui Ă©tait censĂ© avoir reçu 50 000 francs, et Ă©pouse la fille d’un marchand d’huile, FĂ©licitĂ© Puech, qui avait une ruse de chatte au fond de ses yeux noirs. Toute sa physionomie de naine futĂ©e Ă©tait comme le masque vivant de l’intrigue, de l’ambition active et envieuse. Les premiĂšres annĂ©es se passent assez bien, mais par la suite, le guignon revint implacable. Pendant plus de trente ans, la bataille dura. A la mort de son pĂšre, FĂ©licitĂ© apprend qu’il est ruiné  En plus, de 1811 Ă  1815, elle eut trois garçons et deux filles. Elle reconstruisit sur la tĂȘte de ses fils l’édifice de sa fortune et fait tout pour qu’ils fassent des Ă©tudes. Deux firent leur droit, le troisiĂšme fit mĂ©decine. La race des Rougon devait s’épurer par les femmes, ses fils furent d’une intelligence plus haute, capables de grands vices et de grandes vertus. EugĂšne, l’aĂźnĂ©, semblait apportĂ© la preuve que FĂ©licitĂ© avait du sang noble dans les veines. Il part trĂšs vite faire carriĂšre Ă  Paris, une fois devenu avocat. Aristide est tout son opposĂ©. Il avait le visage de sa mĂšre, et des aviditĂ©s, un caractĂšre sournois, apte aux intrigues vulgaires oĂč les instincts de son pĂšre dominaient. Il aimait l’argent comme son frĂšre aĂźnĂ© aimait le pouvoir. Il se marie Ă  la fille du commandant Sicardot, et donne la dot de 10 000 francs Ă  son pĂšre pour qu’il la place. Ainsi, ils vivent aux crochets des Rougon, Pierre ne pouvant lui rendre l’argent qu’il perdit trĂšs vite. Mais dĂšs que Pierre fut en mesure de les lui rendre, il les met dehors. Aristide et sa femme s’installent dans le vieux quartier et trĂšs rapidement Aristide doit travailler Ă  la prĂ©fecture, Ă  son grand dĂ©sespoir. Pascal, le dernier fils, ne paraissait pas appartenir Ă  la famille. C’était un de ces cas frĂ©quents qui font mentir les lois de l’hĂ©rĂ©ditĂ©. Droit, modeste, sobre, son mĂ©tier de mĂ©decin lui procurait juste de quoi vivre et il se vouait corps et Ăąme Ă  la science. Il Ă©tait si diffĂ©rent des siens que tout le monde l’appelait M. Pascal. Les deux sƓurs, Marthe et Sidonie, sont vite mariĂ©es, l’une va Ă  Marseille et l’autre Ă  Paris. FĂ©licitĂ© et Pierre vendent le magasin et s’installent dans la rue qui sĂ©pare le vieux quartier du neuf, en face des fenĂȘtres du receveur particulier de la sous-prĂ©fecture. FĂ©licitĂ© arrange le salon jaune de son mieux, dans la faible mesure de ses moyens et rĂȘve devant les rideaux du receveur. Ils attendent. La rĂ©volution de 1848 trouva donc tous les Rougon sur le qui-vive, exaspĂ©rĂ©s par leur mauvaise chance et disposĂ©e Ă  violer la fortune, s’ils la rencontraient jamais au dĂ©tour d’un sentier. III Plassans est avant tout catholique et royaliste. Mais pour combattre les rĂ©publicains, elle deviendra bonapartiste. Ce qui fera la fortune des Rougon. FĂ©licitĂ©, dĂšs fĂ©vrier 48, comprend qu’il se passe quelque chose et que c’est le moment d’agir. Le noble marquis de Carnavant se prend d’amitiĂ© pour elle et vient lui rendre visite dans son salon jaune. Il sera de prĂ©cieux conseil. Puis il se forme un noyau de conservateurs chez eux, faits de bourgeois frileux et de militaires qui prĂ©fĂšrent parler de politique en dehors de chez eux pour ne pas se compromettre M. Isidore Granoux, ancien marchand d’amandes et membre du conseil municipal, un riche propriĂ©taire, M. Roudier, et la plus forte tĂȘte, le commandant Sicardot. Il y avait aussi le sournois Vuillet, libraire et vendeur d’illustrations pornographiques. Il dirigeait la gazette hebdomadaire de Plassans. En avril 1848, EugĂšne revient subitement de Paris et prĂ©pare son pĂšre aux futurs Ă©vĂšnements, l’assurant que sa fortune Ă©tait proche. FĂ©licitĂ© est tenue Ă  l’écart, mais elle rĂ©ussira Ă  lire ses lettres, pendant la nuit. Aristide publie des articles dans le journal L’IndĂ©pendant et se range du cĂŽtĂ© des vainqueurs, selon lui, les rĂ©publicains. Mais il reste sans cesse Ă  l’affĂ»t, tentant mĂȘme d’avoir des infos par son frĂšre qui, se mĂ©fiant de lui, se dĂ©roba. Le 1er dĂ©cembre 1851, c’est le coup d’état qu’EugĂšne annonce Ă  son pĂšre dans une de ses quarante lettres. Les villages voisins se soulĂšvent. La peur grandit. 3000 rĂ©publicains arrivent, Pierre se rĂ©fugie chez sa mĂšre. IV Antoine Macquart revient du service, toujours dĂ©cidĂ© Ă  faire fortune sans rien faire. Il hurle de rage en apprenant que Pierre a vendu la Fouque sans rien lui laisser. Pierre et FĂ©licitĂ© finissent par lui donner deux cents francs et par lui louer un logement, pour avoir la paix. Il apprend Ă  tresser des paniers, puis Ă©pouse JosĂ©phine Gavaudan, dite fine, lessiveuse, qui passera sa vie Ă  l’entretenir, en buvant de l’anisette. Elle lui donnera trois enfants, Lisa, que la directrice des postes prit en affection et qui l’amena avec elle Ă  Paris, Ă  la mort de son mari, Gervaise, que Macquart sucera jusqu’à la moelle, petite fille fluette, buvant de l’anisette avec sa mĂšre, et Jean, peu intelligent, mais dĂ©cidĂ© Ă  se faire une situation et Ă  partir de chez lui au plus vite. Gervaise, blanchisseuse, tombe enceinte dĂšs l’ñge de quatorze ans, d’un ouvrier tanneur, Lantier. Mais Antoine, trop dĂ©sireux de garder les revenus de sa fille, la garde avec lui, l’enfant est donnĂ© Ă  la mĂšre de Lantier. Quatre ans plus tard, elle aura un second garçon que la mĂšre Lantier rĂ©clamera de nouveau. Antoine connut des jours dĂ©licieux Ă  vivre aux crochets de sa petite famille, mais il nourrissait toujours une haine fĂ©roce contre son frĂšre. Il essaya de trouver des alliĂ©s auprĂšs d’Aristide, son neveu, de son beau-frĂšre Mouret et de sa sƓur Ursule, sans rĂ©sultat. Ursule meurt prĂ©cocement en 1839. Elle laissait trois enfants, HĂ©lĂšne, mariĂ©e Ă  un employĂ©, François et SilvĂšre. A la mort de leur pĂšre qui se pendit, un an aprĂšs leur mĂšre, François fut pris au service de son oncle Pierre et Ă©pousa mĂȘme Marthe Ă  qui il ressemblait Ă©trangement, de 1840 Ă  1844, ils eurent trois enfants. SilvĂšre alla vivre avec sa grand-mĂšre AdĂ©laĂŻde, Ă  qui il redonna la joie de vivre. Antoine s’empare de cet esprit idĂ©aliste sans toutefois atteindre son innocence, mĂȘme s’il prend un malin plaisir Ă  lui faire du mal en lui racontant comment Pierre s’est moquĂ© de sa grand-mĂšre. Il se fait sa propre culture, assez dangereuse pour un esprit aussi fragile que le sien, et rĂȘve d’une sociĂ©tĂ© idĂ©ale d’hommes libres et Ă©gaux. Fine meurt, Antoine est sans le sou, Gervaise et Jean sont partis, il est plus haineux que jamais. Il devient un fervent rĂ©publicain, et le jour du coup d’état, il prend la tĂȘte de plusieurs ivrognes partisans et court chez son frĂšre pour l’arrĂȘter, mais celui-ci est parti. FĂ©licitĂ© garde son sang froid. Antoine laisse un vigile en bas de chez lui, et attend son heure. Les rĂ©publicains entrent dans Plassans, s’emparent de la gendarmerie, SilvĂšre crĂšve un Ɠil de Rengade, croit l’avoir tuĂ© et se prĂ©cipite chez sa grand-mĂšre, en promettant Ă  Miette qu’il reviendrait. Les insurgĂ©s font prisonniers M. Garçonnet, le commandant Sicardot et M. Peirotte, le receveur, ainsi que plusieurs autres fonctionnaires. Puis ils quittent la ville, Antoine se propose de la garder avec vingt hommes; Miette porte toujours le drapeau, accompagnĂ© de SilvĂšre. V C’est la nuit noire et froide, l’enthousiasme des insurgĂ©s retombe, Miette est fatiguĂ©e, SilvĂšre l’accompagne au haut d’une colline pour se reposer, comptant rejoindre la troupe au matin. Ils vivent une Ă©trange nuit, un baiser fiĂ©vreux Ă©veillent leurs sens, mais ils ne vont pas plus loin. Miette perdit son pĂšre Ă  neuf ans. Il fut envoyĂ© au bagne pour avoir tuĂ© un gendarme, le nom de Chantegreil sonnera toujours comme une insulte; Elle est recueillie par son oncle, Ă  la mort de son grand-pĂšre. Son oncle, RĂ©bufat, un avare invĂ©tĂ©rĂ© en fait son esclave. Son cousin Justin la hait. Seule Eulalie, sa tante, la dĂ©fend un peu. La vie au Jas-Meiffrein est rude, mais elle s’y fait. Malheureusement, sa tante meurt, son oncle et son cousin deviennent odieux. Au fond du jardin, il y a un puits, c’est lĂ  qu’elle rencontre SilvĂšre. Ils deviennent trĂšs vite amis et trouvent mĂȘme un moyen de se parler et de se voir grĂące au puits. Mais trĂšs vite, cela ne leur suffit plus, alors SilvĂšre rĂ©ussit Ă  trouver la clef de la porte qui avait servi tant d’annĂ©es Ă  sa grand-mĂšre. Mais dĂšs leur premiĂšre entrevue, la grand-mĂšre les surprend et jette la clef dans le puits. Ils se retrouveront alors chaque soir Ă  l’ancien cimetiĂšre, oĂč tant de fois les morts semblaient les appeler Ă  s’aimer. Ils trouvent mĂȘme une tombe oĂč gĂźt une certaine Marie, du mĂȘme nom que Miette. Celle-ci y voit l’annonce de sa mort prochaine. L’étĂ©, ils parcourent les champs et les forĂȘts, SilvĂšre apprend Ă  Miette Ă  nager, ils s’aiment, mais leur innocence et leur puretĂ© les prĂ©servent, ainsi, malgrĂ© l’appel de leurs sens qui se fait de plus en plus fort, ils demeurent chastes. Au matin, ils rejoignent les insurgĂ©s Ă  OrchĂšres. Les soldats les attaquent, c’est un bain de sang, SilvĂšre et Miette ne comprennent pas grand chose et continuent Ă  marcher sous la mitraille. Une balle atteint la jeune fille Ă  sa poitrine, elle tombe morte, SilvĂšre est dĂ©sespĂ©rĂ© et comprend le regard fixe de la jeune fille qui lui reproche de mourir vierge. Il se laisse arrĂȘter sans aucune rĂ©sistance, abattu. Le docteur Pascal est parmi eux, il soigne les blessĂ©s, mais ne peut rien pour Miette. M. Peirotte meurt d’une balle perdue des soldats qui tirent n’importe oĂč sans discontinuer, alors mĂȘme qu’il n’y a plus d’insurgĂ©s. VI Pierre se rĂ©sout Ă  quitter sa cachette et aidĂ© de Roudier et de trente-neuf autres, il va chercher les fusils qu’il avait cachĂ© dans un hangar, reprend la gendarmerie aux insurgĂ©s qui dormaient et dont le chef Ă©tait Antoine et va jusqu’à la mairie oĂč il arrĂȘte son propre frĂšre. La fameuse glace est brisĂ©e pendant la courte lutte, un coup de fusil ayant Ă©tĂ© tirĂ© par hasard. Cette histoire sera racontĂ©e et racontĂ©e le lendemain, dĂ©formĂ©e et travestie en combat Ă©pique. Rougon est un hĂ©ros, on lui donne la mairie en attendant le retour des prisonniers. Il organise la commission provisoire, rĂ©arme les gardes nationaux et fait fermer les portes de la ville. Mais des bruits courent, les soldats n’arrivent pas, les insurgĂ©s pillent les villages voisins. Rougon et les autres croient mĂȘme les voir incendier les communes voisines du haut de chez le marquis, et ils restent toute la nuit Ă  scruter la noirceur de la plaine, transis de peur et de froid. La ville s’en prend Ă  Rougon, les notables font courir le bruit que la lutte de la mairie n’était pas si glorieuse, jusqu’à Vuillet qui sort un article bien trop ronflant sur la barbarie des insurgĂ©s et sur le triomphe prochain de Bonaparte. Cela met la puce Ă  l’oreille de FĂ©licitĂ©, elle va le voir et comprend qu’il a interceptĂ© une lettre d’EugĂšne qui leur apprend que le coup d’état a parfaitement rĂ©ussi et qu’ils doivent se tenir prĂȘts. AprĂšs avoir jouer un petit tour Ă  son mari pour se venger de l’avoir tenue Ă  l’écart, en lui faisant croire que la partie Ă©tait perdue, elle finit par lui dĂ©couvrir un plan judicieux. Elle va dĂšs le lendemain matin voir Antoine, et lui propose de le libĂ©rer Ă  condition qu’il accepte de reprendre la mairie, en Ă©change de 1000 francs. Antoine, que la douceur du cabinet de toilette du maire qui lui tenait lieu de prison lui a fait comprendre la nĂ©cessitĂ© de s’entendre avec son frĂšre, accepte. Le lendemain, Rougon, seul, dit Ă  tout le monde qui se cloĂźtre chez soi qu’il prĂ©fĂšre mourir plutĂŽt que d’abandonner la ville aux insurgĂ©s. Sachant que son frĂšre va attaquer, il place des gardes aux portes, Granoux, seul vient l’aider, il doit sonner du tocsin, des hommes sont cachĂ©s et attendent. Antoine trouve facilement une cinquantaine d’hommes. Ils attaquent la mairie avec des fusils chargĂ©s au plomb. C’est un massacre, quatre hommes seront tuĂ©s, Rougon les laisse oĂč ils sont pour que tout le monde les voit. Il marche mĂȘme sur la main d’un cadavre avec son talon, Ă©trange et horrible sensation qui ne le quittera plus. Granoux sonne du tocsin de toutes ses forces avec un marteau, c’est Rougon qui l’arrĂȘtera. Le lendemain, la ville se rĂ©veille toute Ă©tonnĂ©e de voir qu’une sanglante bataille a eu lieu pendant qu’elle dormait, Rougon devient un vĂ©ritable hĂ©ros, FĂ©licitĂ© est aux anges. VII Pierre va retrouver Antoine chez sa mĂšre, pour le payer. Il lui demande de partir. Pascal soigne AdĂ©laĂŻde, dite la tante Dide, elle est revenue complĂštement ahurie et folle, elle a vu quelque chose
 Rougon en a froid dans le dos, mais ne veut rien faire pour elle. Il retourne chez lui oĂč une fĂȘte Ă  son honneur l’attend, car il va ĂȘtre dĂ©corĂ© de la lĂ©gion d’honneur. Tous sont lĂ , envieux, mais l’alcool aidant, la fĂȘte bat son plein. Aristide est revenu et s’est dĂ©clarĂ© bonapartiste dans son journal. Il apprend Ă  FĂ©licitĂ© que SilvĂšre est mort. Il Ă©tat lĂ  et n’a rien fait. Chacun a donc son cadavre sur la conscience, y compris FĂ©licitĂ© qui a l’impression d’ĂȘtre pour quelque chose dans la mort de M. Peirotte, qu’elle avait tant dĂ©sirĂ©e. Le gendarme Rengade n’a de cesse de retrouver celui qui l’a Ă©borgnĂ©. Il retrouve SilvĂšre, l’emmĂšne jusque sur la tombe de Marie, et lui loge une balle dans la tĂȘte, sous les regards d’Antoine, que cette mort arrange bien, sous celui de Justin, aux anges et sous ceux de tante Dide
De l’autre cĂŽtĂ© de la ville, la fĂȘte est Ă  son paroxysme quand Sicardot prend un ruban et le met au veston de Pierre. Mais au loin, les trois meurtres sont omniprĂ©sents, recouvrant la scĂšne de sang caillĂ©. La fortune des Rougon de Zola RĂ©sumĂ© par chapitres Chapitre 1 Histoire d’amour entre Miette et SilvĂšre. Adieux car dĂ©part de SilvĂšre pour l’insurrection. Miette devient la fille en rouge » Chapitre 2 Pierre Rougon veut faire fortune et se dĂ©barrasse de ses frĂšres et sƓurs. Il tente de faire fortune avec FĂ©licitĂ©. DĂ©ception venant de leurs 3 fils. Chapitre 3 Insurrection des rĂ©publicains. Le salon jaune est pour la monarchie. Rougon veut remettre de l’ordre et en garder le bĂ©nĂ©fice. Chapitre 4 Histoire d’Antoine Macquart. MĂȘme volontĂ© de faire fortune. Fine travaille pour lui, quand elle meurt, il accuse la monarchie et en veut au salon jaune. Il met SilvĂšre de son cĂŽtĂ©. Chapitre 5 Bataille entre les insurgĂ©s et les bonapartistes. Rougon se cache et attend le bon moment. Miette se fait tuer. Chapitre 6 et 7 Rougon sauve Plassans avec des hauts et des bas et fait enfin fortune. SilvĂšre est tuĂ©. Macquart est exilĂ©. La curĂ©e de Zola Personnages principaux Maxime Saccard Laure d’Aurigny RenĂ©e Saccard – BĂ©rard Mme de Lauwerens M Simpson Mme la marquise d’Espanet Adeline Mme Haffner Suzanne Aristide Saccard – Rougon M de Mussy M de Mareuil Louise de Mareuil Baptiste CĂ©leste Christine BĂ©raud Elisabeth Sidonie Rougon EugĂšne Rougon Mignon Charrier Le baron Gouraud M Toutin-Laroche M Hupel de la Noue M de SaffrĂ© Sylvia AngĂšle, premiĂšre femme d’Aristide Clotilde, fille d’Aristide M BĂ©raud du ChĂątel, pĂšre de RenĂ©e Larsonneau M Michelin Worms Le duc de Rozan RĂ©sumĂ© par chapitres Chapitre 1 PrĂ©sentation de Maxime et RenĂ©e. Elle s’ennuie, elle a dĂ©jĂ  fait tout ce qui Ă©tait possible. Diner lors duquel on Ă©tale la luxure des Saccard. Que comprend RenĂ©e en voyant Maxime et Louise ? Que devient M de Mussy ? Chapitre 2 Histoire d’Aristide Rougon dit Saccard. Raison et condition de son mariage avec RenĂ©e. Explication de sa fortune Ă  venir c’est un homme intelligent et ambitieux tout comme Sidonie, sa sƓur et EugĂšne, son frĂšre. Chapitre 3 Maxime, RenĂ©e et Saccard font chacun leur vie de leur cĂŽtĂ©. Ils descendent de plus en plus bas dans la dĂ©bauche. RenĂ©e semble souvent s’ennuyer. Maxime connaĂźt toutes les dames mĂȘme s’il est promis Ă  Louise. Chapitre 4 Saccard a des problĂšmes d’argent. Sa fortune n’est qu’apparente. Sidonie tente de mettre le grappin sur RenĂ©e. RenĂ©e et Maxime ont goutĂ© Ă  l’inceste et y prennent gout. Ils se voient tous les soirs. Chapitre 5 Les affaires de Saccard vont de mal en pis. Maxime et RenĂ©e son toujours ensemble mais Maxime veut rompre sans succĂšs. Sous le coup de la colĂšre, il a dĂ©voilĂ© les plans de son pĂšre Ă  RenĂ©e. Chapitre 6 RenĂ©e, lors d’un bal, comprend que Maxime va Ă©pouser Louise. Elle devient folle. Saccard les surprend mais ne dit rien. RenĂ©e est totalement perdue. Elle se sent honteuse car arrivĂ©e au plus haut point du vice avec l’inceste. Chapitre 7 RenĂ©e est encore plus perdue depuis que CĂ©leste l’a quittĂ©e. Elle se rend compte qu’elle a vieilli et que sa vie est vide de sens. Elle meurt en laissant des dettes que son pĂšre rĂšglera. J’accuse de Zola RĂ©sumĂ© Zola s’adresse au prĂ©sident Faure sur l’affaire Dreyfus. Il dĂ©taille d’abord tous les problĂšmes Ă©vidents puis il montre les manigances et autres mises en Ɠuvre pour couvrir les erreurs de l’Etat-major. Il plaint les hommes justes qui ont Ă©tĂ© punis. Pour conclure, il accuse tous les hommes qui ont trompĂ© l’opinion et dit que sa lettre n’a pour seul intĂ©rĂȘt que de faire sortir la vĂ©ritĂ© qui est dĂ©jĂ  prĂȘte Ă  exploser. Au bonheur des dames de Zola Personnages principaux Denise Baudu PĂ©pĂ© Baudu Jean Baudu Oncle Baudu Elisabeth Baudu GeneviĂšve Baudu Vinçard Colomban Mme Gras, la nourrice Robineau Gaujean Bouthemont Mme AurĂ©lie Le pĂšre Bourras Octave Mouret Mme Desforges Henriette Mme de Boves Mme Marty Mme Bourdelais Bourdoncle Albert Lhomme Joseph LiĂ©nard Mignot Hutin Favier Mlle Vadon Marguerite Mlle Prunaire Clara Mme FrĂ©dĂ©ric Henri Deloche Le baron Hartmann Mme Guibal Blanche de Boves M de Boves M de Vallagnosc Paul Mme Cabin Mme Boutarel Valentine Marty Pauline Cugnot BaugĂ© Mme Robineau RĂ©sumĂ© par chapitres Chapitre 1 Denise arrive Ă  Paris avec Jean et PĂ©pĂ©, ils se rendent chez leur oncle Baudu. Celui-ci n’a pas de place pour elle. Il raconte l’histoire du Bonheur des Dames qui ruine le quartier. Denise en est fascinĂ©e car il est immense. Elle va aller s’y prĂ©senter pour travailler comme vendeuse malgrĂ© l’aversion de sa famille pour ce magasin. Chapitre 2 Denise se rend au Bonheur des Dames pour se prĂ©senter comme vendeuse. Sa timiditĂ© l’empĂȘche d’entrer tout de suite. Elle rencontre Henri Deloche. PrĂ©sentation de tout le magasin et de ses principaux employĂ©s. Denise se prĂ©sente enfin mais elle ne sait pas encore si elle aura le poste, Mouret semble l’apprĂ©cier. Chapitre 3 Mouret se rend chez Henriette pour rencontrer le baron Hartmann avec qui il veut faire affaire. Ce dernier finit par ĂȘtre sĂ©duit quand il voit comment Mouret gouverne les femmes. Mouret y retrouve un ami de Plassans Paul Vallagnosc. Chapitre 4 C’est le jour du lancement d’un nouveau produit. Le matin est si calme qu’ils ont peur mais finalement l’aprĂšs-midi est bondĂ© de monde. C’est la premiĂšre journĂ©e de Denise, elle ne vend rien, tout le monde se moque d’elle. Elle est Ă©puisĂ©e et dĂ©moralisĂ©e. Chapitre 5 Denise, malgrĂ© ses difficultĂ©s, fait tout pour ne pas ĂȘtre renvoyĂ©. Jean lui demande de l’argent pour des problĂšmes de femmes ce qui ennuie Denise. Elle est amie avec pauline qui lui conseille de prendre quelqu’un » ce qu’elle refuse. Est-elle amoureuse de Hutin ? Deloche lui fait sa dĂ©claration lors de la journĂ©e Ă  Joinville. Elle le repousse gentiment. Chapitre 6 Denise a beaucoup de problĂšmes d’argent. Robineau l’aide en lui donnant des nƓuds de cravates. Ils se font licenciĂ©s tous les deux. Beaucoup d’histoires couraient sur Denise Ă  cause de Jean qu’on prenait pour son amant. Chapitre 7 Denise vit chez Bourras qui par charitĂ© lui offre un emploi. Elle a dĂ» reprendre PĂ©pĂ© avec elle. Elle va travailler dans la boutique de Robineau, mĂȘme si elle est pour les grands magasins, pendant que Bourras garde PĂ©pĂ©. Elle rencontre Mouret qui lui fait des excuses et lui propose de revenir travailler au Bonheur des Dames ce qu’elle refuse. Baudu vient lui reparler et l’invite Ă  manger. Chapitre 8 Denise va manger chez son oncle, elle voit que GeneviĂšve dĂ©pĂ©rit elle sait que Colomban en aime une autre. Elle retourne au Bonheur des Dames car les Robineau ne s’en sortent pas. Les travaux d’agrandissements sont en route, nuit et jour, et avalent tout sur leur passage. Baudu vend son rĂȘve et repousse encore le mariage de sa fille. Il n’a plus vraiment d’espoir Chapitre 9 C’est l’aventure du grand magasin pour les nouveautĂ©s d’hiver ». Le gĂ©nie de Mouret est indĂ©niable. La recette est la plus importante que le Bonheur des Dames ait jamais connu. Mme Desforges croit que Denise est la maitresse de Mouret. Celui-ci offre la place de seconde Ă  Denise. L’aime-t’il ? Cela effraye Denise. Chapitre 10 Denise a rĂ©ussi Ă  se faire apprĂ©cier dans son rayon, seule Clara la mĂ©prise. Mouret l’invite Ă  diner, tous savent ce que cela signifie. Elle refuse, cela Ă©tonne tout le monde, Mouret en est dĂ©stabilisĂ©. Elle l’aime mais ne veut pas ĂȘtre une aventure d’un soir. Plus rien n’a d’importance pour Mouret mĂȘme l’inventaire qui annonce la bonne fortune de son magasin. Chapitre 11 Henriette veut se venger et organise un piĂšge pour Denise et Mouret. Celui-ci aime vraiment Denise et prend sa dĂ©fense ce qui dĂ©prime Henriette. Elle va s’associer Ă  Bouthemont qui veut faire concurrence au Bonheur des Dames avec l’aide du baron. Chapitre 12 Denise se refuse toujours Ă  Mouret, il en est exĂ©crable. Bourdoncle veut se dĂ©barrasser d’elle mais c’est sans succĂšs. Elle prend de l’importance et amĂ©liore la vie au Bonheur des Dames. Mouret est sous sa coupe, il envisage de façon confuse le mariage. Chapitre 13 GeneviĂšve meurt ainsi sue sa mĂšre un peu plus tard. Robineau tente de se suicider. Bourras est Ă  la rue. Jean va mal et PĂ©pĂ© est au collĂšge. Denise souffre mais c’est parce que c’est inĂ©vitable, tous refusent son aide. Chapitre 14 Le Bonheur des Dames fait une nouvelle exposition maintenant qu’il s’étend sur tout un pavĂ© de rue. Beaucoup de rumeurs circulent sur Denise et Mouret. Celle-ci part le lendemain, il veut l’épouser. Elle lui avoue son amour. Il la laisse partir, il viendra la chercher lui-mĂȘme dans un mois. Les villes tentaculaires de Verhaeren RĂ©sumĂ© des poĂšmes La Plaine Il Ă©voque l’ancienne vie si magnifique des plaines et ce que l’homme en a fait des lieux tristes, monotones 
 L’ñme de la ville AprĂšs la plaine, il Ă©voque la vie de la ville qui existe depuis des siĂšcles. Pas de structure fixe dans ce poĂšme. Une statue Histoire d’un prĂȘtre qui a une statue en son honneur. Les cathĂ©drales PoĂšme sur les cathĂ©drales. RĂ©pĂ©tition frĂ©quente de ĂŽ ces foules, ces foules / Et la misĂšre et la dĂ©tresse qui les foulent. » qui rĂ©sume bien l’essentiel du poĂšme. Une statue Cette fois c’est celle d’un soldat qui apparait le sabre en bel Ă©clair dans le soleil » Le port Description d’un port ou plutĂŽt de la mer qui se trouve lĂ  ! MĂȘme effet de rĂ©pĂ©tition d’un vers Toute la mer va vers la ville » mouvement constant. Le spectacle PoĂšme sur le spectacle et ses effets. Il se finit logiquement sur la fin du spectacle. Qui sont ces filles qui attendent ? Les promeneuses PoĂšme sur des promeneuses silencieuses qui portent le deuil. Une statue Celle d’un bourgeois reprĂ©sentĂ© de façon nĂ©gative. Les usines Description de la vie dans celle-ci. PoĂšme sombre. La Bourse Description de la Bourse et de son ambiance fiĂ©vreuse et sournoise. Le bazar Le bazar semble agrĂ©able mais la nuit Il apparait la bĂȘte et de flamme et de bruit / Qui monte Ă©pouvanter le silence stellaire » L’étal Les trois vers rĂ©pĂ©titifs C’est l’étal flasque et monstrueux, / DressĂ©, depuis toujours, sur les frontiĂšres/ Tributaires de la citĂ© et de la mer » rĂ©sument le poĂšme. Rien ne lui semble rĂ©jouissant La rĂ©volte Description de la rĂ©volte qui soulĂšve la ville. Le masque PoĂšme sur un masque cĂŽtĂ© cachĂ© de l’homme ? Une statue Celle d’un apĂŽtre vie et description de ce qu’il a apportĂ© Ă  la ville. La mort Elle est personnifiĂ©e dans ce long poĂšme. La recherche AprĂšs s’ĂȘtre attaquĂ© Ă  tous les domaines de la ville, il s’en prend Ă  la science, recherche de la vĂ©ritĂ©. Les idĂ©es Les vers servent de rĂ©sumĂ© au poĂšme. Vers le futur DĂ©primant, mĂȘme le futur ne semble pas heureux. Un homme dans un Ă©tui de Tchekhov in La peur Personnages principaux Ivan Ivanitch Bourkine Mavra BiĂ©likov Kovalienko Barbara RĂ©sumĂ© Ivan et Bourkine se prĂ©parent Ă  passer la nuit. Ils discutent de Mavra, la femme du staroste. Pour Bourkine, le cas de solitude de Mavra n’est pas un cas isolĂ©. Il raconte l’histoire d’un de ses anciens collĂšgues qui se crĂ©ait une enveloppe pour se protĂ©ger du monde qui lui faisait peur. Il protĂšge aussi sa pensĂ©e et ce qui est interdit est ce qui est clair pour lui. Il Ă©tait troublĂ© par toutes les infractions aux rĂšgles. MalgrĂ© cela, il a un pouvoir de persuasion sur les gens. Il a du mal Ă  parler alors il vient et reste silencieux. Tout le monde le craint, BiĂ©likov fait peur Ă  tout le village. Bourkine vivait en face de chez BiĂ©likov il est ainsi aussi dans sa vie privĂ©e. Il passait de mauvaises nuits, poursuivi par la peur. Cet homme dans un Ă©tui a failli se marier avec la sƓur d’un collĂšgue. Pourquoi seulement failli ? BiĂ©likov est allĂ© parler Ă  Barbara ! C’est ses collĂšgues qui ont voulu les marier. Ils se demandent si elle accepterait. On les invite partout ensemble. Il accepte d’épouser Barbara. Il rĂ©flĂ©chit Ă  tout, le mariage qui est un pas sĂ©rieux lui fait peur. Il se renferme encore plus dans son Ă©tui. Le frĂšre de Barbare n’aime pas BiĂ©likov. Il ne se soucie pas de qui sa sƓur peut Ă©pouser. BiĂ©likov est trĂšs touchĂ© par la mĂ©chante caricature de lui. Lors d’une sortie, il voit Barbara et son frĂšre Ă  vĂ©lo. Il est choquĂ© et rentre chez lui sans assister Ă  la sortie. Il va voir le frĂšre de Barbara pour s’excuser de la caricature. Il lui conseille de ne plus faire de bicyclette. Kovalienko s’énerve et le chasse en disant que sa vie privĂ©e ne regarde que lui. Il se fait littĂ©ralement jetĂ© dehors. Il a honte et peur, Ă  cause de cette mĂ©saventure, de devoir dĂ©missionner. BiĂ©likov ne sort plus de son lit. Il meurt, il a une expression heureuse dans le cercueil. Les gens se sentent bien de cette mort, ils sont Ă  nouveau libres. D’aprĂšs Ivan, le fait de vivre c’est ĂȘtre dans un Ă©tui. Ivan voudrait raconter une autre histoire car celle-ci l’a perturbĂ©e. Bourkine dort, Ivan n’y arrive pas. Le groseillier de Tchekhov in La peur Personnages principaux Ivan Ivanitch Bourkine Alekhine PĂ©lagie Nicolas Ivanitch RĂ©sumĂ© On retrouve Ivan et Bourkine. Ils en ont assez de marcher. Bourkine demande Ă  Ivan de lui raconter l’autre histoire. Il va commencer Ă  raconter son histoire mais une pluie torrentielle s’abat sur eux il leur faut un abri. Ils sont silencieux et ressentent l’inconfort de la pluie. Ils sont trĂšs bien accueillis chez Alekhine. Il est servi par PĂ©lagie. Leur ami ne s’est pas lavĂ© depuis longtemps. Ivan nage Ă  l’extĂ©rieur sous la pluie. Il va enfin commencer son rĂ©cit. Il a un frĂšre. Il dit qu’ils se sentaient libres car ils vivaient Ă  la campagne ce qu’Ivan ne comprend ni n’accepte pas. Nicolas veut un groseillier dans sa maison de campagne. Il fait de belles Ă©conomies qu’il devient avare et ne mange plus Ă  sa faim, etc
 Il raconte que Nicolas s’est mariĂ© pour l’argent et que sa femme est morte Ă  cause de son avarice. Il achĂšte quand mĂȘme une maison qui n’est pas de son gout mais tant pis. Il commande des buissons de groseillier. Ivan lui rend visite, il est mĂ©connaissable. Retrouvailles attendrissantes et visite. Son frĂšre a beaucoup changĂ©, il se prend pour un grand seigneur. Ivan a vĂ©cu un changement en lui-mĂȘme lors de sa visite. Nicolas mange les premiĂšres groseilles et es trouvent savoureuses ce qui n’est pas le cas d’Ivan. RĂ©flexions sur le bonheur. On n’est heureux que parce que d’autres portent notre fardeau. Il faudrait rappeler aux heureux qu’un malheur est vite arrivĂ©. Ivan se rebelle contre l’idĂ©e de devoir attendre pour vivre, pour ĂȘtre libre. Il ne supporte pas de voir une famille heureuse. Ils sont déçus de cette histoire. Alekhine est fatiguĂ© mais n’ose pas aller se coucher. Bourkine donne le signal du coucher. Le camĂ©lĂ©on de Tchekhov in La peur Personnages principaux Le commissaire OtchoumĂ©lov Le bijoutier Khrioukine L’agent Eldyrine RĂ©sumĂ© Tout est calme jusqu’à ce que le marchand de bois attrape un chien. Il y a un rassemblement, OtchoumĂ©lov va voir ce qui se passe. Le chien a-t’il perdu ? Le bijoutier demande une indemnitĂ©. Il veut faire tuer le chien mais il est au gĂ©nĂ©ral
 Il pense alors que le bijoutier fait du cinĂ©ma. Quelqu’un dit qu’il a cherchĂ© chicane au chien. Quand l’agent qui l’accompagne dit qu’il n’est pas du gĂ©nĂ©ral, il veut le faire Ă©trangler. Il y a des doutes. Ce n’est pas le chien du gĂ©nĂ©ral mais celui de son frĂšre donc on ne va rien lui faire. La justice est inĂ©gale. La peur de Tchekhov Personnages principaux Le gĂ©omĂštre Gleb Gavrilovitch Smirnov Klim RĂ©sumĂ© Gleb Gavrilovitch Smirnov cherche un moyen de transport, il part avec un moujik. Le gĂ©omĂštre n’est pas Ă  l’aise, la charrette n’est pas confortable. Il part quand il fait nuit. Le gĂ©omĂštre a peur d’ĂȘtre attaquĂ© par le cocher, Klim, ou autres. Il ment en disant qu’il a trois rĂ©volvers. OĂč l’emmĂšne Klim ? Il se vante d’ĂȘtre fort. Il a peur du cocher ? Ils se sont mis Ă  galoper dans un bois. En fait, c’est le cocher qui a peur, il croit que le gĂ©omĂštre veut le tuer pour le dĂ©pouiller. Il appelle Klim jusqu’à ce que celui-ci apparaisse, effrayĂ©, il lui avoue son mensonge. Le gĂ©omĂštre et Klim repartent. Il n’a plus peur ni de la route ni de Klim. La mort d’un fonctionnaire de Tchekhov in La peur Personnages principaux Ivan Dmitritch Tcherviakov Le gĂ©nĂ©ral Brizjalov RĂ©sumĂ© Tcherviakov est au théùtre, il Ă©ternue et asperge un homme devant lui. Il tente de s’excuser. Brizjalov lui dit avoir oubliĂ© mais il ne veut pas y croire et se dĂ©cide Ă  en reparler avec lui. Sa femme l’encourage Ă  s’expliquer. Le gĂ©nĂ©ral ne tient pas Ă  en parler mais Tcherviakov insiste. Il finit par en avoir marre de se faire rembarrĂ© » et veut Ă©crire une lettre. Il n’arrive pas Ă  l’écrire et retourne chez le gĂ©nĂ©ral qui le chasse. Il rentre chez lui et meurt. Uploaded byMarion 0% found this document useful 0 votes84 views1 pageDescriptionRĂ©sumĂ© gĂ©nĂ©ral de La Fortune des RougonsOriginal TitleRĂ©sumĂ© La Fortune Des Rougon, ZolaCopyright© © All Rights ReservedAvailable FormatsDOCX, PDF, TXT or read online from ScribdShare this documentDid you find this document useful?Is this content inappropriate?Report this Document0% found this document useful 0 votes84 views1 pageRĂ©sumĂ© la Fortune Des Rougon, ZolaOriginal TitleRĂ©sumĂ© La Fortune Des Rougon, ZolaUploaded byMarion DescriptionRĂ©sumĂ© gĂ©nĂ©ral de La Fortune des RougonsFull description COMMENTAIRE 1 CH. II p 77-78 Quand le jeune homme sentit sa mĂšre en sa possession 
 lui sembla cacher quelque piĂšge » INTRODUCTION – Situation du passage C’est un extrait du chapitre 2 qui raconte l’histoire de la famille Rougon de 1768 jusqu’à 1848 depuis son origine avec AdĂ©laĂŻde Fouque jusqu’à l’échelle sociale des Rougon en 1848. Ce passage raconte commentPierre Rougon rĂ©ussit Ă  prendre le pouvoir dans sa famille. – IntĂ©rĂȘt du passage A travers le rĂ©cit de la prise du pouvoir familial de PR se dessine un portrait des personnages. Chacun d’entre eux est emportĂ© par des valeurs diffĂ©rentes parfois opposĂ©es. Ici s’explique pour la 1er fois le titre du roman La Fortune des Rougon ». PLAN 1° PR prend le pouvoir dans lafamille 2° Chaque personnage agit en fonction d’une valeur qui lui est propre 3° Observation et analyse des personnages par un romancier naturaliste 1° A Une prise de pouvoir rĂ©flĂ©chie Il y a tout d’abord la prĂ©sence du champ lexical du pouvoir dans le &1 en sa possession 1, exploiter dans son intĂ©rĂȘt » 2, il fut maĂźtre du logis » l5, il prit la haute directionde la maison »7 Par ailleurs, P est presque tjs le sujet des verbes, ce qui prouve qu’il agit tandis que les autres sont passifs donc COD P se dĂ©barrassa d’Ursule » P prend le pouvoir calmement, sans prĂ©cipitation. Il procĂšde mĂ©thodiquement puisque d’abord il prend sa mĂšre en sa possession et aprĂšs il commence Ă  exploiter il prend le soin »4, ses actions se font est patient il attendit un Ă©vĂ©nement »14, deux ans plus tard »17. Dans le & prĂ©cĂ©dent lorsqu’il soumet A, le narrateur dit il exĂ©cuta pas Ă  pas avec une patience tenace, un plan dont il avait longtemps mĂ»ri chaque dĂ©tail ». PR commence son ascension sociale Ă  17 ans en 1804 et il attendit jusqu’en 1851; il met 64 ans. B P prend le pouvoir sur les personnes et les biens de safamille Le plan du texte correspond aux actions successives de PR. Le 1er & correspond Ă  la prise en main de la fortune, 2 & P se dĂ©barrasse d’Antoine, 3 & P se dĂ©barrasse d’Ursule. Pierre procĂšde en Ă©liminant un Ă  un les gens qui l’entourent et le gĂȘnent. Il se retrouve seul il congĂ©die le maraĂźcher 5, il refuse de payer un homme A voulut le sauver du service »19, P sedĂ©barrassa d’U »35, il tient Ă©loignĂ© A par ses regards » et la terreur folle qu’un seul de ses regards lui inspirait »4, il la regarda d’une telle façon qu’elle n’osa mĂȘme pas achever »24 P considĂšre les autres comme des crĂ©atures », des choses qu’il manipule il traite sa mĂšre comme une esclave »2, le maraĂźcher est remplacĂ© par une crĂ©ature Ă  lui »8. Il se dĂ©barrasse d’U et An comme deschoses que l’on achĂšte, vend ou jette. C L’ origine de la fortune des R tromperie et hasard – Tromperie D’abord envers An il joua le rĂŽle d’un homme dĂ©sespĂ©rĂ© »29, An est partit dupĂ© »34. Il Ă©tait encore en train d’essayer de donner une explication Ă  Mouret pour ne pas donner de dot Ă  sa sƓur surpris de ce dĂ©sintĂ©ressement, s’était mis Ă  balbutier,cherchant Ă  lui donner des explications »53. Toute la fortune de P est basĂ©e sur une Ă©norme tromperie, celle des 50 000 francs avec sa mĂšre. – Hasard Les circonstances le servirent rĂ©guliĂšrement »15. An Ă©chappe Ă  la conscription »16. 2Ăšme hasard celui qui oblige An Ă  partir, on utilise les termes An tomba au sort »17, sa mauvaise chance ». 3Ăšme hasard, celui oĂčil se dĂ©barrasse d’U d’une façon encore plus inattendue »35 La fortune. Il faut comprendre le titre comme le destin ou le hasard des R Effectivement tout ce passage est centrĂ© sur la maniĂšre dont PR fait sa fortune. Par consĂ©quent, le rĂ©cit est trĂšs rapide et efficace car il est centrĂ© sur cette seule idĂ©e. Il n’y a pas de scĂšne mais que des sommaires et une ellipse 
 SommaireLivre premierChapitre IChapitre IIChapitre IIIChapitre IVChapitre VChapitre VIChapitre VIIChapitre VIIIChapitre IXChapitre XChapitre XIChapitre XIIChapitre XIIIChapitre XIVChapitre XVChapitre XVIChapitre XVIILivre deuxiĂšmeChapitre IChapitre IIChapitre IIIChapitre IVChapitre VChapitre VIChapitre VIIChapitre VIIIChapitre IXChapitre XChapitre XIChapitre XIIChapitre XIIIChapitre XIVChapitre XVChapitre XVIChapitre XVIILivre troisiĂšmeChapitre IChapitre IIChapitre IIIChapitre IVChapitre VChapitre VIChapitre VIIChapitre VIIIChapitre IXChapitre XChapitre XIChapitre XIIChapitre XIIIChapitre XIVChapitre XVChapitre XVILivre premierILa Teuse, en entrant, posa son balai et son plumeau contre l’autel. Elle s’était attardĂ©e Ă  mettre en train la lessive du semestre. Elle traversa l’église, pour sonner l’AngĂ©lus, boitant davantage dans sa hĂąte, bousculant les bancs. La corde, prĂšs du confessionnal, tombait du plafond, nue, rĂąpĂ©e, terminĂ©e par un gros nƓud, que les mains avaient graissĂ© ; et elle s’y pendit de toute sa masse, Ă  coups rĂ©guliers, puis s’y abandonna, roulant dans ses jupes, le bonnet de travers, le sang crevant sa face avoir ramenĂ© son bonnet d’une lĂ©gĂšre tape, essoufflĂ©e, la Teuse revint donner un coup de balai devant l’autel. La poussiĂšre s’obstinait lĂ , chaque jour, entre les planches mal jointes de l’estrade. Le balai fouillait les coins avec un grondement irritĂ©. Elle enleva ensuite le tapis de la table, et se fĂącha, en constatant que la grande nappe supĂ©rieure, dĂ©jĂ  reprisĂ©e en vingt endroits, avait un nouveau trou d’usure au beau milieu ; on apercevait la seconde nappe, pliĂ©e en deux, si Ă©mincĂ©e, si claire elle-mĂȘme, qu’elle laissait voir la pierre consacrĂ©e, encadrĂ©e dans l’autel de bois peint. Elle Ă©pousseta ces linges roussis par l’usage, promena vigoureusement le plumeau le long du gradin, contre lequel elle releva les cartons liturgiques. Puis, montant sur une chaise, elle dĂ©barrassa la croix et deux des chandeliers de leurs housses de cotonnade jaune. Le cuivre Ă©tait piquĂ© de taches ternes.– Ah bien ! murmura la Teuse Ă  demi-voix, ils ont joliment besoin d’un nettoyage ! Je les passerai au courant sur une jambe, avec des dĂ©hanchements et des secousses Ă  enfoncer les dalles, elle alla Ă  la sacristie chercher le Missel, qu’elle plaça sur le pupitre, du cĂŽtĂ© de l’ÉpĂźtre, sans l’ouvrir, la tranche tournĂ©e vers le milieu de l’autel. Et elle alluma les deux cierges. En emportant son balai, elle jeta un coup d’Ɠil autour d’elle, pour s’assurer que le mĂ©nage du bon Dieu Ă©tait bien fait. L’église dormait ; la corde seule, prĂšs du confessionnal, se balançait encore, de la voĂ»te au pavĂ©, d’un mouvement long et Mouret venait de descendre Ă  la sacristie, une petite piĂšce froide, qui n’était sĂ©parĂ©e de la salle Ă  manger que par un corridor.– Bonjour, monsieur le curĂ©, dit la Teuse en se dĂ©barrassant. Ah ! vous avez fait le paresseux, ce matin ! Savez-vous qu’il est six heures un sans donner au jeune prĂȘtre qui souriait le temps de rĂ©pondre – J’ai Ă  vous gronder, continua-t-elle. La nappe est encore trouĂ©e. Ça n’a pas de bon sens ! Nous n’en avons qu’une de rechange, et je me tue les yeux depuis trois jours Ă  la raccommoder
 Vous laisserez le pauvre JĂ©sus tout nu, si vous y allez de ce Mouret souriait toujours. Il dit gaiement – JĂ©sus n’a pas besoin de tant de linge, ma bonne Teuse. Il a toujours chaud, il est toujours royalement reçu, quand on l’aime se dirigeant vers une petite fontaine, il demanda – Est-ce que ma sƓur est levĂ©e ? Je ne l’ai pas vue.– Il y a beau temps que mademoiselle DĂ©sirĂ©e est descendue, rĂ©pondit la servante, agenouillĂ©e devant un ancien buffet de cuisine, dans lequel Ă©taient serrĂ©s les vĂȘtements sacrĂ©s. Elle est dĂ©jĂ  Ă  ses poules et Ă  ses lapins
 Elle attendait hier des poussins qui ne sont pas venus. Vous pensez quelle Ă©motion !Elle s’interrompit, disant – La chasuble d’or, n’est-ce pas ?Le prĂȘtre, qui s’était lavĂ© les mains, recueilli, les lĂšvres balbutiant une priĂšre, fit un signe de tĂȘte affirmatif. La paroisse n’avait que trois chasubles, une violette, une noire et une d’étoffe d’or. Cette derniĂšre, servant les jours oĂč le blanc, le rouge ou le vert Ă©taient prescrits, prenait une importance extraordinaire. La Teuse la souleva religieusement de la planche garnie de papier bleu, oĂč elle la couchait aprĂšs chaque cĂ©rĂ©monie ; elle la posa sur le buffet, enlevant avec prĂ©caution les linges fins qui en garantissaient les broderies. Un agneau d’or y dormait sur une croix d’or, entourĂ© de larges rayons d’or. Le tissu, limĂ© aux plis, laissait Ă©chapper de minces houpettes ; les ornements en relief se rongeaient et s’effaçaient. C’était, dans la maison, une continuelle inquiĂ©tude autour d’elle, une tendresse terrifiĂ©e, Ă  la voir s’en aller ainsi paillette Ă  paillette. Le curĂ© devait la mettre presque tous les jours. Et comment la remplacer, comment acheter les trois chasubles dont elle tenait lier, lorsque les derniers fils d’or seraient usĂ©s !La Teuse, par-dessus la chasuble, Ă©tala l’étole, le manipule, le cordon, l’aube et l’amict. Mais elle continuait Ă  bavarder, tout en s’appliquant Ă  mettre le manipule en croix sur l’étole, et Ă  disposer le cordon en guirlande, de façon Ă  tracer l’initiale rĂ©vĂ©rĂ©e du saint nom de Marie.– Il ne vaut plus grand-chose, ce cordon, murmurait-elle. Il faudra vous dĂ©cider Ă  en acheter un autre, monsieur le curé  Ce n’est pas l’embarras, je vous en tisserais bien un moi-mĂȘme, si j’avais du Mouret ne rĂ©pondait pas. Il prĂ©parait le calice sur une petite table, un grand vieux calice d’argent dorĂ©, Ă  pied de bronze, qu’il venait de prendre au fond d’une armoire de bois blanc, oĂč Ă©taient enfermĂ©s les vases et les linges sacrĂ©s, les Saintes Huiles, les Missels, les chandeliers, les croix. Il posa en travers de la coupe un purificatoire propre, mit par-dessus ce linge la patĂšne d’argent dorĂ©, contenant une hostie, qu’il recouvrit d’une petite pale de lin. Comme il cachait le calice, en pinçant les deux plis du voile d’étoffe d’or, appareillĂ© Ă  la chasuble, la Teuse s’écria – Attendez, il n’y a pas de corporal dans la bourse
 J’ai pris hier soir tous les purificatoires, les pales et les corporaux sales pour les blanchir, Ă  part bien sĂ»r, pas dans la lessive
 Je ne vous ai pas dit, monsieur le curĂ© je viens de la mettre en train, la lessive. Elle est joliment grasse ! Elle sera meilleure que la derniĂšre pendant que le prĂȘtre glissait un corporal dans la bourse, et qu’il posait sur le voile la bourse, ornĂ©e d’une croix d’or sur un fond d’or, elle reprit vivement – À propos, j’oubliais ! ce galopin de Vincent n’est pas venu. Voulez-vous que je serve la messe, monsieur le curĂ© ?Le jeune prĂȘtre la regarda sĂ©vĂšrement.– Eh ! ce n’est pas un pĂ©chĂ©, continua-t-elle avec son bon sourire. Je l’ai servie une fois, la messe, du temps de monsieur Caffin. Je la sers mieux que des polissons qui rient comme des paĂŻens pour une mouche volant dans l’église
 Allez, j’ai beau porter un bonnet, avoir soixante ans, ĂȘtre grosse comme une tour, je respecte plus le bon Dieu que ces vermines d’enfant, que j’ai surpris encore, l’autre jour, jouant Ă  saute-mouton derriĂšre l’ prĂȘtre continuait Ă  la regarder, refusant de la tĂȘte.– Un trou, ce village, gronda-t-elle. Ils ne sont pas cent cinquante
 Il y a des jours, comme aujourd’hui, oĂč vous ne trouveriez pas Ăąme qui vive aux Artaud. Jusqu’aux enfants au maillot qui vont dans les vignes ! Si je sais ce qu’on fait dans les vignes, par exemple ! Des vignes qui poussent sous les cailloux, sĂšches comme des chardons ! Et un pays de loups, Ă  une lieue de toute route !
 À moins qu’un ange ne descende la servir, votre messe, monsieur le curĂ©, vous n’avez que moi, ma parole ! ou un des lapins de mademoiselle DĂ©sirĂ©e, sauf votre respect !Mais, juste Ă  ce moment, Vincent, le cadet des Brichet, poussa doucement la porte de la sacristie. Ses cheveux rouges en broussaille, ses minces yeux gris qui luisaient, fĂąchĂšrent la Teuse.– Ah ! le mĂ©crĂ©ant ! cria-t-elle, je parie qu’il vient de faire quelque mauvais coup !
 Avance donc, polisson, puisque monsieur le curĂ© a peur que je salisse le bon Dieu !En voyant l’enfant, l’abbĂ© Mouret avait pris l’amict. Il baisa la croix brodĂ©e au milieu, posa le linge un instant sur sa tĂȘte ; puis, le rabattant sur le collet de sa soutane, il croisa et attacha les cordons, le droit par-dessus le gauche. Il passa ensuite l’aube, symbole de puretĂ©, en commençant par le bras droit. Vincent, qui s’était accroupi, tournait autour de lui, ajustant l’aube, veillant Ă  ce qu’elle tombĂąt Ă©galement de tous les cĂŽtĂ©s, Ă  deux doigts de terre. Ensuite, il prĂ©senta le cordon au prĂȘtre, qui s’en ceignit fortement les reins, pour rappeler ainsi les liens dont le Sauveur fut chargĂ© dans sa Teuse restait debout, jalouse, blessĂ©e, faisant effort pour se taire ; mais la langue lui dĂ©mangeait tellement, qu’elle reprit bientĂŽt – FrĂšre Archangias est venu
 Il n’aura pas un enfant, Ă  l’école, aujourd’hui. Il est parti comme un coup de vent, pour aller tirer les oreilles Ă  cette marmaille, dans les vignes
 Vous ferez bien de le voir. Je crois qu’il a quelque chose Ă  vous Mouret lui imposa silence de la main. Il n’avait plus ouvert les lĂšvres. Il rĂ©citait les priĂšres consacrĂ©es, en prenant le manipule, qu’il baisa, avant de le mettre Ă  son bras gauche, au-dessous du coude, comme un signe indiquant le travail des bonnes Ɠuvres, et en croisant sur sa poitrine, aprĂšs l’avoir Ă©galement baisĂ©e, l’étole, symbole de sa dignitĂ© et de sa puissance. La Teuse dut aider Vincent Ă  fixer la chasuble, qu’elle attacha Ă  l’aide de minces cordons, de façon Ă  ce qu’elle ne retombĂąt pas en arriĂšre.– Sainte Vierge ! j’ai oubliĂ© les burettes ! balbutia-t-elle, se prĂ©cipitant vers l’armoire. Allons, vite, galopin !Vincent emplit les burettes, des fioles de verre grossier, tandis qu’elle se hĂątait de prendre un manuterge propre, dans un tiroir. L’abbĂ© Mouret, tenant le calice de la main gauche par le nƓud, les doigts de la main droite posĂ©s sur la bourse, salua profondĂ©ment, sans ĂŽter sa barrette, un Christ de bois noir pendu au-dessus du buffet. L’enfant s’inclina Ă©galement ; puis, passant le premier, tenant les burettes, recouvertes du manuterge, il quitta la sacristie, suivi du prĂȘtre qui marchait les yeux baissĂ©s, dans une dĂ©votion vide, Ă©tait toute blanche, par cette matinĂ©e de mai. La corde, prĂšs du confessionnal, pendait de nouveau, immobile. La veilleuse, dans un verre de couleur, brĂ»lait, pareille Ă  une tache rouge, Ă  droite du tabernacle, contre le mur. Vincent, aprĂšs avoir portĂ© les burettes sur la crĂ©dence, revint s’agenouiller Ă  gauche, au bas du degrĂ©, tandis que le prĂȘtre, ayant saluĂ© le Saint-Sacrement d’une gĂ©nuflexion sur le pavĂ©, montait Ă  l’autel, Ă©talait le corporal, au milieu duquel il plaçait le calice. Puis, ouvrant le Missel, il redescendit. Une nouvelle gĂ©nuflexion le plia ; il se signa Ă  voix haute, joignit les mains devant la poitrine, commença le grand drame divin, d’une face toute pĂąle de foi et d’amour.– Introibo ad altare Dei.– Ad Deum qui lƓtificat juventutem meam, bredouilla Vincent, qui mangea les rĂ©ponds de l’antienne et du psaume, le derriĂšre sur les talons, occupĂ© Ă  suivre la Teuse rĂŽdant dans l’ vieille servante regardait un des cierges d’un air inquiet. Sa prĂ©occupation parut redoubler, pendant que le prĂȘtre, inclinĂ© profondĂ©ment, les mains jointes de nouveau, rĂ©citait le Confiteor. Elle s’arrĂȘta, se frappant Ă  son tour la poitrine, la tĂȘte penchĂ©e, continuant Ă  guetter le cierge. La voix grave du prĂȘtre et les balbutiements du servant alternĂšrent encore pendant un instant.– Dominus vobiscum.– Et cum spiritu le prĂȘtre, Ă©largissant les mains, puis les rejoignant, dit avec une componction attendrie – Oremus
La Teuse ne put tenir davantage. Elle passa derriĂšre l’autel, atteignit le cierge, qu’elle nettoya, du bout de ses ciseaux. Le cierge coulait. Il y avait dĂ©jĂ  deux grandes larmes de cire perdues. Quand elle revint, rangeant les bancs, s’assurant que les bĂ©nitiers n’étaient pas vides, le prĂȘtre, montĂ© Ă  l’autel, les mains posĂ©es au bord de la nappe, priait Ă  voix basse. Il baisa l’ lui, la petite Ă©glise restait blafarde des pĂąleurs de la matinĂ©e. Le soleil n’était encore qu’au ras des tuiles. Les Kyrie, eleison coururent comme un frisson dans cette sorte d’étable, passĂ©e Ă  la chaux, au plafond plat, dont on voyait les poutres badigeonnĂ©es. De chaque cĂŽtĂ©, trois hautes fenĂȘtres, Ă  vitres claires, fĂȘlĂ©es, crevĂ©es pour la plupart, ouvraient des jours d’une cruditĂ© crayeuse. Le plein air du dehors entrait lĂ  brutalement, mettant Ă  nu toute la misĂšre du Dieu de ce village perdu. Au fond, au-dessus de la grande porte, qu’on n’ouvrait jamais, et dont des herbes barraient le seuil, une tribune en planches, Ă  laquelle on montait par une Ă©chelle de meunier, allait d’une muraille Ă  l’autre, craquant sous les sabots les jours de fĂȘte. PrĂšs de l’échelle, le confessionnal, aux panneaux disjoints, Ă©tait peint en jaune citron. En face, Ă  cĂŽtĂ© de la petite porte, se trouvait le baptistĂšre, un ancien bĂ©nitier, posĂ© sur un pied en maçonnerie. Puis, Ă  droite et Ă  gauche, au milieu, Ă©taient plaquĂ©s deux minces autels, entourĂ©s de balustrades de bois. Celui de gauche, consacrĂ© Ă  la sainte Vierge, avait une grande MĂšre de Dieu en plĂątre dorĂ©, portant royalement une couronne d’or fermĂ©e sur ses cheveux chĂątains ; elle tenait, assis sur son bras gauche, un JĂ©sus, nu et souriant, dont la petite main soulevait le globe Ă©toilĂ© du monde ; elle marchait au milieu de nuages, avec des tĂȘtes d’anges ailĂ©es sous les pieds. L’autel de droite, oĂč se disaient les messes de mort, Ă©tait surmontĂ© d’un Christ en carton peint, faisant pendant Ă  la Vierge ; le Christ, de la grandeur d’un enfant de dix ans, agonisait d’une effrayante façon, la tĂȘte rejetĂ©e en arriĂšre, les cĂŽtes saillantes, le ventre creusĂ©, les membres tordus, Ă©claboussĂ©s de sang. Il y avait encore la chaire, une caisse carrĂ©e, oĂč l’on montait par un escabeau de cinq degrĂ©s, qui s’élevait vis-Ă -vis d’une horloge Ă  poids, enfermĂ©e dans une armoire de noyer, et dont les coups sourds Ă©branlaient l’église entiĂšre, pareils aux battements d’un cƓur Ă©norme, cachĂ© quelque part, sous les dalles. Tout le long de la nef, les quatorze stations du chemin de la Croix, quatorze images grossiĂšrement enluminĂ©es, encadrĂ©es de baguettes noires, tachaient du jaune, du bleu et du rouge de la Passion, la blancheur crue des murs.– Deo gratias, bĂ©gaya Vincent, Ă  la fin de l’ mystĂšre d’amour, l’immolation de la sainte victime se prĂ©parait. Le servant prit le Missel, qu’il porta Ă  gauche, du cĂŽtĂ© de l’Évangile, en ayant soin de ne point toucher les feuillets du livre. Chaque fois qu’il passait devant le tabernacle, il faisait de biais une gĂ©nuflexion qui lui dĂ©jetait la taille. Puis, revenu Ă  droite, il se tint debout, les bras croisĂ©s, pendant la lecture de l’Évangile. Le prĂȘtre, aprĂšs avoir fait un signe de croix sur le Missel, s’était signĂ© lui-mĂȘme au front, pour dire qu’il ne rougirait jamais de la parole divine ; sur la bouche, pour montrer qu’il Ă©tait toujours prĂȘt Ă  confesser sa foi ; sur son cƓur, pour indiquer que son cƓur appartenait Ă  Dieu seul.– Dominus vobiscum, dit-il en se tournant, le regard noyĂ©, en face des blancheurs froides de l’église.– Et cum spiritu tuo, rĂ©pondit Vincent, qui s’était remis Ă  avoir rĂ©citĂ© l’Offertoire, le prĂȘtre dĂ©couvrit le calice. Il tint un instant, Ă  la hauteur de sa poitrine, la patĂšne contenant l’hostie, qu’il offrit Ă  Dieu, pour lui, pour les assistants, pour tous les fidĂšles vivants ou morts. Puis, l’ayant fait glisser au bord du corporal, sans la toucher des doigts, il prit le calice, qu’il essuya soigneusement avec le purificatoire. Vincent Ă©tait allĂ© chercher sur la crĂ©dence les burettes, qu’il prĂ©senta l’une aprĂšs l’autre, la burette du vin d’abord, ensuite la burette de l’eau. Le prĂȘtre offrit alors, pour le monde entier, le calice Ă  demi plein, qu’il remit au milieu du corporal, oĂč il le recouvrit de la pale. Et, ayant priĂ© encore, il revint se faire verser de l’eau par minces filets sur les extrĂ©mitĂ©s du pouce et de l’index de chaque main, afin de se purifier des moindres taches du pĂ©chĂ©. Quand il se fut essuyĂ© au manuterge, la Teuse, qui attendait, vida le plateau des burettes dans un seau de zinc, au coin de l’autel.– Orate, fratres, reprit le prĂȘtre Ă  voix haute, tournĂ© vers les bancs vides, les mains Ă©largies et rejointes, dans un geste d’appel aux hommes de bonne se retournant devant l’autel, il continua, en baissant la voix. Vincent marmotta une longue phrase latine dans laquelle il se perdit. Ce fut alors que des flammes jaunes entrĂšrent par les fenĂȘtres. Le soleil, Ă  l’appel du prĂȘtre, venait Ă  la messe. Il Ă©claira de larges nappes dorĂ©es la muraille gauche, le confessionnal, l’autel de la Vierge, la grande horloge. Un craquement secoua le confessionnal ; la MĂšre de Dieu, dans une gloire, dans l’éblouissement de sa couronne et de son manteau d’or, sourit tendrement Ă  l’enfant JĂ©sus, de ses lĂšvres peintes ; l’horloge, rĂ©chauffĂ©e, battit l’heure, Ă  coups plus vifs. Il sembla que le soleil peuplait les bancs des poussiĂšres qui dansaient dans ses rayons. La petite Ă©glise, l’étable blanchie, fut comme pleine d’une foule tiĂšde. Au-dehors, on entendait les petits bruits du rĂ©veil heureux de la campagne, les herbes qui soupiraient d’aise, les feuilles s’essuyant dans la chaleur, les oiseaux lissant leurs plumes, donnant un premier coup d’ailes. MĂȘme la campagne entrait avec le soleil Ă  une des fenĂȘtres, un gros sorbier se haussait, jetant des branches par les carreaux cassĂ©s, allongeant ses bourgeons, comme pour regarder Ă  l’intĂ©rieur ; et, par les fentes de la grande porte, on voyait les herbes du perron, qui menaçaient d’envahir la nef. Seul, au milieu de cette vie montante, le grand Christ, restĂ© dans l’ombre, mettait la mort, l’agonie de sa chair barbouillĂ©e d’ocre, Ă©claboussĂ©e de laque. Un moineau vint se poser au bord d’un trou ; il regarda, puis s’envola ; mais il reparut presque aussitĂŽt, et, d’un vol silencieux, s’abattit entre les bancs, devant l’autel de la Vierge. Un second moineau le suivit. BientĂŽt, de toutes les branches du sorbier, des moineaux descendirent, se promenant tranquillement Ă  petits sauts, sur les dalles.– Sanctus, Sanctus, Sanctus, Dominus, Deus, Sabaoth, dit le prĂȘtre Ă  demi-voix, les Ă©paules lĂ©gĂšrement donna les trois coups de clochette. Mais les moineaux, effrayĂ©s de ce tintement brusque, s’envolĂšrent avec un tel bruit d’ailes, que la Teuse, rentrĂ©e depuis un instant dans la sacristie, reparut, en grondant – Les gueux ! ils vont tout salir
 Je parie que mademoiselle DĂ©sirĂ©e est encore venue leur mettre des mies de redoutable approchait. Le corps et le sang d’un Dieu allait descendre sur l’autel. Le prĂȘtre baisait la nappe, joignait les mains, multipliait les signes de croix sur l’hostie et sur le calice. Les priĂšres du canon ne tombaient plus de ses lĂšvres que dans une extase d’humilitĂ© et de reconnaissance. Ses attitudes, ses gestes, ses inflexions de voix, disaient le peu qu’il Ă©tait, l’émotion qu’il Ă©prouvait Ă  ĂȘtre choisi pour une si grande tĂąche. Vincent vint s’agenouiller derriĂšre lui ; il prit la chasuble de la main gauche, la soutint lĂ©gĂšrement, apprĂȘtant la clochette. Et lui, les coudes appuyĂ©s au bord de la table, tenant l’hostie entre le pouce et l’index de chaque main, prononça sur elle les paroles de la consĂ©cration Hoc est enim corpus meum. Puis, ayant fait une gĂ©nuflexion, il l’éleva lentement, aussi haut qu’il put, en la suivant des yeux, pendant que le servant sonnait, Ă  trois fois, prosternĂ©. Il consacra ensuite le vin Hic est enim calix, les coudes de nouveau sur l’autel, saluant, Ă©levant le calice, le suivant Ă  son tour des yeux, la main droite serrant le nƓud, la gauche soutenant le pied. Le servant donna trois derniers coups de clochette. Le grand mystĂšre de la RĂ©demption venait d’ĂȘtre renouvelĂ©, le Sang adorable coulait une fois de plus.– Attendez, attendez, gronda la Teuse, en tĂąchant d’effrayer les moineaux, le poing les moineaux n’avaient plus peur. Ils Ă©taient revenus, au beau milieu des coups de clochette, effrontĂ©s, voletant sur les bancs. Les tintements rĂ©pĂ©tĂ©s les avaient mĂȘme mis en joie. Ils rĂ©pondirent par de petits cris, qui coupaient les paroles latines d’un rire perlĂ© de gamins libres. Le soleil leur chauffait les plumes, la pauvretĂ© douce de l’église les enchantait. Ils Ă©taient lĂ  chez eux, comme dans une grange, dont on aurait laissĂ© une lucarne ouverte, piaillant, se battant, se disputant les mies rencontrĂ©es Ă  terre. Un d’eux alla se poser sur le voile d’or de la Vierge qui souriait ; un autre vint, lestement, reconnaĂźtre les jupes de la Teuse, que cette audace mit hors d’elle. À l’autel, le prĂȘtre anĂ©anti, les yeux arrĂȘtĂ©s sur la sainte hostie, le pouce et l’index joints, n’entendait point cet envahissement de la nef par la tiĂšde matinĂ©e de mai, ce flot montant de soleil, de verdures, d’oiseaux, qui dĂ©bordait jusqu’au pied du Calvaire oĂč la nature damnĂ©e agonisait.– Per omnia sƓcula sƓculorum, dit-il.– Amen, rĂ©pondit Pater achevĂ©, le prĂȘtre, mettant l’hostie au-dessus du calice, la rompit au milieu. Il dĂ©tacha ensuite, d’une des moitiĂ©s, une particule qu’il laissa tomber dans le prĂ©cieux Sang, pour marquer l’union intime qu’il allait contracter avec Dieu par la communion. Il dit Ă  haute voix l’Agnus Dei, rĂ©cita tout bas les trois Oraisons prescrites, fit son acte d’indignitĂ© ; et, les coudes sur l’autel, la patĂšne sous le menton, il communia des deux parties de l’hostie Ă  la fois. Puis, aprĂšs avoir joint les mains Ă  la hauteur de son visage, dans une fervente mĂ©ditation, il recueillit sur le corporal, Ă  l’aide de la patĂšne, les saintes parcelles dĂ©tachĂ©es de l’hostie, qu’il mit dans le calice. Une parcelle s’étant Ă©galement attachĂ©e Ă  son pouce, il le frotta du bout de son index. Et, se signant avec le calice, portant de nouveau la patĂšne sous son menton, il prit tout le prĂ©cieux Sang, en trois fois, sans quitter des lĂšvres le bord de la coupe, consommant jusqu’à la derniĂšre goutte le divin s’était levĂ© pour retourner chercher les burettes sur la crĂ©dence. Mais la porte du couloir qui conduisait au presbytĂšre, s’ouvrit toute grande, se rabattit contre le mur, livrant passage Ă  une belle fille de vingt-deux ans, l’air enfant, qui cachait quelque chose dans son tablier.– Il y en a treize ! cria-t-elle. Tous les Ɠufs Ă©taient bons !Et entrouvrant son tablier, montrant une couvĂ©e de poussins qui grouillaient, avec leurs plumes naissantes et les points noirs de leurs yeux – Regardez donc ! sont-ils mignons, les amours !
 Oh ! le petit blanc qui monte sur le dos des autres ! Et celui-lĂ , le mouchetĂ©, qui bat dĂ©jĂ  des ailes !
 Les Ɠufs Ă©taient joliment bons. Pas un de clair !La Teuse, qui aidait Ă  la messe quand mĂȘme, passant les burettes Ă  Vincent pour les ablutions, se tourna, dit Ă  haute voix – Taisez-vous donc, mademoiselle DĂ©sirĂ©e ! Vous voyez bien que nous n’avons pas odeur forte de basse-cour venait par la porte ouverte, soufflant comme un ferment d’éclosion dans l’église, dans le soleil chaud qui gagnait l’autel. DĂ©sirĂ©e resta un instant debout, toute heureuse du petit monde qu’elle portait, regardant Vincent verser le vin de la purification, regardant son frĂšre boire ce vin, pour que rien des saintes espĂšces ne restĂąt dans sa bouche. Et elle Ă©tait encore lĂ , lorsqu’il revint tenant le calice Ă  deux mains, afin de recevoir sur le pouce et sur l’index, le vin et l’eau de l’ablution, qu’il but Ă©galement. Mais la poule, cherchant ses petits, arrivait en gloussant, menaçait d’entrer dans l’église. Alors, DĂ©sirĂ©e s’en alla, avec des paroles maternelles pour les poussins, au moment oĂč le prĂȘtre, aprĂšs avoir appuyĂ© le purificatoire sur ses lĂšvres, le passait sur les bords, puis dans l’intĂ©rieur du la fin, les actions de grĂące rendues Ă  Dieu. Le servant alla chercher une derniĂšre fois le Missel, le rapporta Ă  droite. Le prĂȘtre remit sur le calice le purificatoire, la patĂšne, la pale ; puis, il pinça de nouveau les deux larges plis du voile, et posa la bourse, dans laquelle il avait pliĂ© le corporal. Tout son ĂȘtre Ă©tait un ardent remerciement. Il demandait au ciel la rĂ©mission de ses pĂ©chĂ©s, la grĂące d’une sainte vie, le mĂ©rite de la vie Ă©ternelle. Il restait abĂźmĂ© dans ce miracle d’amour, dans cette immolation continue qui le nourrissait chaque jour du sang et de la chair de son avoir lu les Oraisons, il se tourna, disant – Ite, missa est.– Deo gratias, rĂ©pondit s’étant retournĂ© pour baiser l’autel, il revint, la main gauche audessous de la poitrine, la main droite tendue, bĂ©nissant l’église pleine des gaietĂ©s du soleil et du tapage des moineaux.– Benedicat vos omnipotens Deus, Pater et Filius, et Spiritus Sanctus.– Amen, dit le servant en se soleil avait grandi, et les moineaux s’enhardissaient. Pendant que le prĂȘtre lisait, sur le carton de gauche, l’Évangile de Saint-Jean, annonçant l’éternitĂ© du Verbe, le soleil enflammait l’autel, blanchissait les panneaux de faux-marbre, mangeait les clartĂ©s des deux cierges, dont les courtes mĂšches ne faisaient plus que deux taches sombres. L’astre triomphant mettait dans sa gloire la croix, les chandeliers, la chasuble, le voile du calice, tout cet or pĂąlissant sous ses rayons. Et lorsque le prĂȘtre, prenant le calice, faisant une gĂ©nuflexion, quitta l’autel pour retourner Ă  la sacristie, la tĂȘte couverte, prĂ©cĂ©dĂ© du servant qui remportait les burettes et le manuterge, l’astre demeura seul maĂźtre de l’église. Il s’était posĂ© Ă  son tour sur la nappe, allumant d’une splendeur la porte du tabernacle, cĂ©lĂ©brant les fĂ©conditĂ©s de mai. Une chaleur montait des dalles. Les murailles badigeonnĂ©es, la grande Vierge, le grand Christ lui-mĂȘme, prenaient un frisson de sĂšve, comme si la mort Ă©tait vaincue par l’éternelle jeunesse de la Teuse se hĂąta d’éteindre les cierges. Mais elle s’attarda Ă  vouloir chasser les moineaux. Aussi, quand elle rapporta le Missel Ă  la sacristie, ne trouva-t-elle plus l’abbĂ© Mouret, qui avait rangĂ© les ornements sacrĂ©s, aprĂšs s’ĂȘtre lavĂ© les mains. Il Ă©tait dĂ©jĂ  dans la salle Ă  manger, debout, dĂ©jeunant d’une tasse de lait.– Vous devriez bien empĂȘcher votre sƓur de jeter du pain dans l’église, dit la Teuse en entrant. C’est l’hiver dernier qu’elle a inventĂ© ce joli coup-lĂ . Elle disait que les moineaux avaient froid, que le bon Dieu pouvait bien les nourrir
 Vous verrez qu’elle finira par nous faire coucher avec ses poules et ses lapins.– Nous aurions plus chaud, rĂ©pondit gaiement le jeune prĂȘtre. Vous grondez toujours, la Teuse. Laissez donc notre pauvre DĂ©sirĂ©e aimer ses bĂȘtes. Elle n’a pas d’autre plaisir, la chĂšre servante se planta au milieu de la piĂšce.– Oh ! vous ! reprit-elle, vous accepteriez que les pies elles-mĂȘmes bĂątissent leurs nids dans l’église. Vous ne voyez rien, vous trouvez tout parfait
 Votre sƓur est joliment heureuse que vous l’ayez prise avec vous, au sortir du sĂ©minaire. Pas de pĂšre, pas de mĂšre. Je voudrais savoir qui lui permettrait de patauger comme elle le fait, dans une basse-cour ?Puis, changeant de ton, s’attendrissant – Ça, bien sĂ»r, ce serait dommage de la contrarier. Elle est sans malice aucune. Elle n’a pas dix ans d’ñge, bien qu’elle soit une des plus fortes filles du pays
 Vous savez, je la couche encore, le soir, et il faut que je lui raconte des histoires pour l’endormir, comme Ă  une Mouret Ă©tait restĂ© debout, achevant sa tasse de lait, les doigts un peu rougis par la fraĂźcheur de la salle Ă  manger, une grande piĂšce carrelĂ©e, peinte en gris, sans autres meubles qu’une table et des chaises. La Teuse enleva une serviette, qu’elle avait Ă©talĂ©e sur un coin de la table, pour le dĂ©jeuner.– Vous ne salissez guĂšre de linge, murmura-t-elle. On dirait que vous ne pouvez pas vous asseoir, que vous ĂȘtes toujours sur le point de partir
 Ah ! si vous aviez connu monsieur Caffin, le pauvre dĂ©funt curĂ© que vous avez remplacĂ© ! VoilĂ  un homme qui Ă©tait douillet ! Il n’aurait pas digĂ©rĂ©, s’il avait mangĂ© debout
 C’était un Normand, de Canteleu, comme moi. Oh ! je ne le remercie pas de m’avoir amenĂ© dans ce pays de loups. Les premiers temps, nous sommes-nous ennuyĂ©s, bon Dieu ! Le pauvre curĂ© avait eu des histoires bien dĂ©sagrĂ©ables chez nous
 Tiens ! monsieur Mouret, vous n’avez donc pas sucrĂ© votre lait ? VoilĂ  les deux morceaux de prĂȘtre posait sa tasse.– Oui, j’ai oubliĂ©, je crois, Teuse le regarda en face, en haussant les Ă©paules. Elle plia dans la serviette une tartine de pain bis qui Ă©tait Ă©galement restĂ©e sur la table. Puis, comme le curĂ© allait sortir, elle courut Ă  lui, s’agenouilla, en criant – Attendez, les cordons de vos souliers ne sont seulement pas nouĂ©s
 Je ne sais pas comment vos pieds rĂ©sistent, dans ces souliers de paysans. Vous, si mignon, qui avez l’air d’avoir Ă©tĂ© drĂŽlement gĂątĂ© !
 Allez, il fallait que l’évĂȘque vous connĂ»t bien, pour vous donner la cure la plus pauvre du dĂ©partement.– Mais, dit le prĂȘtre en souriant de nouveau, c’est moi qui ai choisi les Artaud
 Vous ĂȘtes bien mauvaise, ce matin, la Teuse. Est-ce que nous ne sommes pas heureux, ici ? Nous avons tout ce qu’il nous faut, nous vivons dans une paix de elle se contint, elle rit Ă  son tour, rĂ©pondant – Vous ĂȘtes un saint homme, monsieur le curé  Venez voir comme ma lessive est grasse. Ça vaudra mieux que de nous dut la suivre, car elle menaçait de ne pas le laisser sortir, s’il ne la complimentait sur sa lessive. Il quittait la salle Ă  manger, lorsqu’il se heurta Ă  un plĂątras, dans le corridor.– Qu’est-ce donc ? demanda-t-il.– Rien, rĂ©pondit la Teuse, de son air terrible. C’est le presbytĂšre qui tombe. Mais vous vous trouvez bien, vous avez tout ce qu’il vous faut
 Ah ! Dieu, les crevasses ne manquent pas. Regardez-moi ce plafond. Est-il assez fendu ! Si nous ne sommes pas Ă©crasĂ©s un de ces jours, nous devrons un fameux cierge Ă  notre ange gardien. Enfin, puisque ça vous convient
 C’est comme l’église. Il y a deux ans qu’on aurait dĂ» remettre les carreaux cassĂ©s. L’hiver, le bon Dieu gĂšle. Puis, ça empĂȘcherait d’entrer ces gueux de moineaux. Je finirai par coller du papier, moi, je vous en avertis.– Eh ! c’est une idĂ©e, murmura le prĂȘtre, on pourrait coller du papier
 Quant aux murs, ils sont plus solides qu’on ne croit. Dans ma chambre, le plancher a flĂ©chi seulement devant la fenĂȘtre. La maison nous enterrera sous le petit hangar, prĂšs de la cuisine, il s’extasia sur l’excellence de la lessive, voulant faire plaisir Ă  la Teuse ; il fallut mĂȘme qu’il la sentit, qu’il mit les doigts dedans. Alors, la vieille femme, enchantĂ©e, se montra maternelle. Elle ne gronda plus, elle courut chercher une brosse, disant – Vous n’allez peut-ĂȘtre pas sortir avec de la boue d’hier Ă  votre soutane ! Si vous l’aviez laissĂ©e sur la rampe, elle serait propre
 Elle est encore bonne, cette soutane. Seulement, relevez-la bien, quand vous traversez un champ. Les chardons dĂ©chirent elle le faisait tourner, comme un enfant, le secouant des pieds Ă  la tĂȘte, sous les coups violents de la brosse.– La, la, c’est assez, dit-il en s’échappant. Veillez sur DĂ©sirĂ©e, n’est-ce pas ? Je vais lui dire que je Ă  ce moment, une voix claire appela – Serge ! Serge !DĂ©sirĂ©e arrivait en courant, toute rouge de joie, tĂȘte nue, ses cheveux noirs nouĂ©s puissamment sur la nuque, avec des mains et des bras couverts de fumier, jusqu’aux coudes. Elle nettoyait ses poules. Quand elle vit son frĂšre sur le point de sortir, son brĂ©viaire sous le bras, elle rit plus fort, l’embrassant Ă  pleine bouche, rejetant les mains en arriĂšre, pour ne pas le toucher.– Non, non, balbutiait-elle, je te salirais
 Oh ! je m’amuse ! Tu verras les bĂȘtes, quand tu elle se sauva. L’abbĂ© Mouret dit qu’il rentrerait vers onze heures, pour le dĂ©jeuner. Il partait, lorsque la Teuse, qui l’avait accompagnĂ© jusqu’au seuil, lui cria ses derniĂšres recommandations.– N’oubliez pas de voir FrĂšre Archangias
 Passez aussi chez les Brichet ; la femme est venue hier, toujours pour ce mariage
 Monsieur le curĂ©, Ă©coutez donc ! J’ai rencontrĂ© la Rosalie. Elle ne demanderait pas mieux, elle, que d’épouser le grand FortunĂ©. Parlez au pĂšre Bambousse, peut-ĂȘtre qu’il vous Ă©coutera maintenant
 Et ne revenez pas Ă  midi, comme l’autre jour. À onze heures, dites, Ă  onze heures, n’est-ce pas ?Mais le prĂȘtre ne se tournait plus. Elle rentra, en disant entre ses dents – Si vous croyez qu’il m’écoute !
 Ça n’a pas vingt-six ans, et ça n’en fait qu’à sa tĂȘte. Bien sĂ»r, il en remontrerait pour la saintetĂ© Ă  un homme de soixante ans ; mais il n’a point vĂ©cu, il ne sait rien, il n’a pas de peine Ă  ĂȘtre sage comme un chĂ©rubin, ce l’abbĂ© Mouret ne sentit plus la Teuse derriĂšre lui, il s’arrĂȘta, heureux d’ĂȘtre enfin seul. L’église Ă©tait bĂątie sur un tertre peu Ă©levĂ©, qui descendait en pente douce jusqu’au village ; elle s’allongeait, pareille Ă  une bergerie abandonnĂ©e, percĂ©e de larges fenĂȘtres, Ă©gayĂ©e par des tuiles rouges. Le prĂȘtre se retourna, jetant un coup d’Ɠil sur le presbytĂšre, une masure grisĂątre, collĂ©e au flanc mĂȘme de la nef ; puis, comme s’il eĂ»t craint d’ĂȘtre repris par l’intarissable bavardage bourdonnant Ă  ses oreilles depuis le matin, il remonta Ă  droite, il ne se crut en sĂ»retĂ© que devant le grand portail, oĂč l’on ne pouvait l’apercevoir de la cure. La façade de l’église, toute nue, rongĂ©e par les soleils et les pluies, Ă©tait surmontĂ©e d’une Ă©troite cage en maçonnerie, au milieu de laquelle une petite cloche mettait son profil noir ; on voyait le bout de la corde, entrant dans les tuiles. Six marches rompues, Ă  demi enterrĂ©es par un bout, menaient Ă  la haute porte ronde, crevassĂ©e, mangĂ©e de poussiĂšre, de rouille, de toiles d’araignĂ©es, si lamentable sur ses gonds rompus, que les coups de vent semblaient devoir entrer, au premier souffle. L’abbĂ© Mouret, qui avait des tendresses pour cette ruine, alla s’adosser contre un des vantaux, sur le perron. De lĂ , il embrassait d’un coup d’Ɠil tout le pays. Les mains aux yeux, il regarda, il chercha au loin.– Bambousse doit ĂȘtre Ă  sa terre des Olivettes, mai, une vĂ©gĂ©tation formidable, que brĂ»lerait bientĂŽt le ciel ardent de juin, crevait ce sol de cailloux. Des lavandes colossales, des buissons de genĂ©vriers, des nappes d’herbes rudes, montaient sur le perron, plantaient des bouquets de verdure sombre jusque sur les tuiles. La premiĂšre poussĂ©e de la sĂšve menaçait d’emporter l’église, dans le dur taillis des plantes noueuses, qui se coulaient au bord des moindres fissures, qui arrachaient les pierres sous les longs doigts nerveux de leurs racines. À cette heure matinale, en plein travail de croissance, c’était un bourdonnement de chaleur, un long effort silencieux soulevant les roches d’un frisson. Mais l’abbĂ© ne sentait pas l’entĂȘtement de vie, l’ardeur de ces couches laborieuses ; il crut que la marche basculait ; il s’adossa Ă  l’autre battant de la porte, cherchant toujours au pays s’étendait Ă  deux lieues, fermĂ© par un mur de collines jaunes, que des bois de pins tachaient de noir ; pays terrible aux landes sĂ©chĂ©es, aux arĂȘtes rocheuses dĂ©chirant le sol. Les quelques coins de terre labourable Ă©talaient des mares saignantes, des champs rouges, oĂč s’alignaient des files d’amandiers maigres, des tĂȘtes grises d’oliviers, des traĂźnĂ©es de vignes, rayant la campagne de leurs souches brunes. On aurait dit qu’un immense incendie avait passĂ© lĂ , semant sur les hauteurs les cendres des forĂȘts, brĂ»lant les prairies, laissant son Ă©clat et sa chaleur de fournaise dans les creux. À peine, de loin en loin, le vert pĂąle d’un carrĂ© de blĂ© mettait-il une note tendre. L’horizon restait farouche, sans un filet d’eau, mourant de soif, s’envolant par grandes poussiĂšres aux moindres haleines. Et, tout au bout, par un coin Ă©croulĂ© des collines de l’horizon, on apercevait un lointain de verdures humides, une Ă©chappĂ©e de la vallĂ©e voisine, que fĂ©condait la Viorne, une riviĂšre descendue des gorges de la Mouret, ne trouvant pas ce qu’il cherchait au loin, les yeux Ă©blouis, abaissa les regards sur le village, dont les quelques maisons s’en allaient Ă  la dĂ©bandade, en bas de l’église. MisĂ©rables maisons, faites de pierres sĂšches et de planches maçonnĂ©es, jetĂ©es le long d’un Ă©troit chemin, sans rues indiquĂ©es. Elles Ă©taient au nombre d’une trentaine, les unes tassĂ©es dans le fumier, noires de misĂšre, les autres plus vastes, plus gaies, avec leurs tuiles roses. Des bouts de jardin, conquis sur le roc, Ă©talaient des carrĂ©s de lĂ©gumes, coupĂ©s de haies vives. À cette heure, les Artaud Ă©taient vides ; pas une femme aux fenĂȘtres, pas un enfant vautrĂ© dans la poussiĂšre ; seules, des bandes de poules allaient et venaient, fouillant la paille, quĂȘtant jusqu’au seuil des maisons, dont les portes laissĂ©es ouvertes bĂąillaient complaisamment au soleil. Un grand chien noir, assis sur son derriĂšre, Ă  l’entrĂ©e du village, semblait le garder.– Voriau ! Voriau ! appela le le chien ne bougea pas. Une paresse engourdissait peu Ă  peu l’abbĂ© Mouret. Le soleil montant le baignait d’une telle tiĂ©deur, qu’il se laissait aller contre la porte de l’église, envahi par une paix heureuse. Il songeait Ă  ce village des Artaud, poussĂ© lĂ , dans les pierres, ainsi qu’une des vĂ©gĂ©tations noueuses qui l’entouraient. Tous les habitants Ă©taient parents, tous portaient le mĂȘme nom, si bien qu’ils prenaient des surnoms dĂšs le berceau, pour se distinguer entre eux. Un ancĂȘtre, un Artaud, Ă©tait venu, qui s’était fixĂ© au milieu de cette lande, comme un paria ; puis, sa famille avait grandi, avec la vitalitĂ© farouche des herbes qui sucent la vie des rochers ; sa famille avait fini par ĂȘtre toute une tribu, toute une commune, dont les cousinages se perdaient, remontaient Ă  des siĂšcles. C’était, au fond de cette ceinture dĂ©solĂ©e de collines, un peuple Ă  part, une race nĂ©e du sol, une humanitĂ© de cent cinquante tĂȘtes qui semblait recommencer les gardait toute l’ombre morte du sĂ©minaire. Il voulait rester dans la clartĂ© effacĂ©e de sa cellule, dans le silence des corridors, dans le recueillement de cet ancien couvent de Plassans, oĂč pas un souffle ne vivait. Pendant des annĂ©es, il n’avait pas connu le soleil. Il l’ignorait mĂȘme encore, les yeux fermĂ©s, fixĂ©s sur l’ñme, n’ayant que du mĂ©pris pour la nature damnĂ©e. Longtemps, aux heures de recueillement, lorsque la mĂ©ditation le prosternait, il avait rĂȘvĂ© un dĂ©sert d’ermite, quelque trou dans une montagne, oĂč rien de la vie, ni ĂȘtre, ni plante, ni eau, ne le viendrait distraire de la contemplation de Dieu. C’était un Ă©lan d’amour pur, une horreur de la sensation physique. LĂ , mourant Ă  lui-mĂȘme, le dos tournĂ© Ă  la lumiĂšre, il aurait attendu de n’ĂȘtre plus, de se perdre dans la souveraine blancheur des Ăąmes. Le ciel lui apparaissait tout blanc, d’un blanc de lumiĂšre, comme s’il neigeait des lis, comme si toutes les puretĂ©s, toutes les innocences, toutes les chastetĂ©s flambaient. Mais son confesseur le grondait, quand il lui racontait ses dĂ©sirs de solitude, ses besoins de candeur divine ; il le rappelait aux luttes de l’église, aux nĂ©cessitĂ©s du sacerdoce. Plus tard, aprĂšs son ordination, le jeune prĂȘtre Ă©tait venu aux Artaud, sur sa propre demande, avec l’espoir de rĂ©aliser son rĂȘve d’anĂ©antissement humain. Au milieu de cette misĂšre, sur ce sol stĂ©rile, il pourrait se boucher les oreilles aux bruits du monde, il vivrait dans l’oubli, dans le sommeil des saints. Et, depuis plusieurs mois, en effet, il demeurait souriant ; Ă  peine un frisson du village le troublait-il de loin en loin ; Ă  peine une morsure plus chaude du soleil le prenait-elle Ă  la nuque, lorsqu’il suivait les sentiers, tout au ciel, sans entendre l’enfantement continu au milieu duquel il venait de se dĂ©cider Ă  monter auprĂšs de l’abbĂ© Mouret. Il s’était assis de nouveau sur son derriĂšre, Ă  ses pieds. Mais celui-ci restait perdu dans la douceur du matin. La veille, il avait commencĂ© les exercices du Rosaire de Marie ; il attribuait la grande joie qui descendait en lui Ă  l’intercession de la Vierge auprĂšs de son divin Fils. Et que les biens de la terre lui semblaient mĂ©prisables ! Avec quelle reconnaissance il se sentait pauvre ! En entrant dans les ordres, ayant perdu son pĂšre et sa mĂšre le mĂȘme jour, Ă  la suite d’un drame dont il ignorait encore les Ă©pouvantes, il avait laissĂ© Ă  un frĂšre aĂźnĂ© toute la fortune. Il ne tenait plus au monde que par sa sƓur. Il s’était chargĂ© d’elle, pris d’une sorte de tendresse religieuse pour sa tĂȘte faible. La chĂšre innocente Ă©tait si puĂ©rile, si petite fille, qu’elle lui apparaissait avec la puretĂ© de ces pauvres d’esprit, auxquels l’Évangile accorde le royaume des cieux. Cependant, elle l’inquiĂ©tait depuis quelque temps ; elle devenait trop forte, trop saine ; elle sentait trop la vie. Mais c’était Ă  peine un malaise. Il passait ses journĂ©es dans l’existence intĂ©rieure qu’il s’était faite, ayant tout quittĂ© pour se donner entier. Il fermait la porte de ses sens, cherchait Ă  s’affranchir des nĂ©cessitĂ©s du corps, n’était plus qu’une Ăąme ravie par la contemplation. La nature ne lui prĂ©sentait que piĂšges, qu’ordures ; il mettait sa gloire Ă  lui faire violence, Ă  la mĂ©priser, Ă  se dĂ©gager de sa boue humaine. Le juste doit ĂȘtre insensĂ© selon le monde. Aussi se regardait-il comme un Ă©tranger, comme un exilĂ© sur la terre, n’envisageant que les biens cĂ©lestes, ne pouvant comprendre qu’on mĂźt en balance une Ă©ternitĂ© de fĂ©licitĂ© avec quelques heures d’une joie pĂ©rissable. Sa raison le trompait, ses dĂ©sirs mentaient. Et s’il avançait dans la vertu, c’était surtout par son humilitĂ© et son obĂ©issance. Il voulait ĂȘtre le dernier de tous, soumis Ă  tous, pour que la rosĂ©e divine tombĂąt sur son cƓur comme sur un sable aride ; il se disait couvert d’opprobre et de confusion, indigne Ă  jamais d’ĂȘtre sauvĂ© du pĂ©chĂ©, n’espĂ©rant que dans la bontĂ© du ciel. Être humble, c’est croire, c’est aimer. Il ne dĂ©pendait mĂȘme plus de lui-mĂȘme, aveugle, sourd, chair morte. Il Ă©tait la chose de Dieu. Alors, de cette abjection oĂč il s’enfonçait, un hosanna l’emportait au-dessus des heureux et des puissants, dans le resplendissement d’un bonheur sans Artaud, l’abbĂ© Mouret avait ainsi trouvĂ© les ravissements du cloĂźtre, si ardemment souhaitĂ©s jadis, Ă  chacune de ses lectures de l’Imitation. Rien en lui n’avait encore combattu. Il Ă©tait parfait, dĂšs le premier agenouillement, sans lutte, sans secousse, comme foudroyĂ© par la grĂące, dans l’oubli absolu de sa chair. Extase de l’approche de Dieu que connaissent quelques jeunes prĂȘtres ; heure bienheureuse oĂč tout se tait, oĂč les dĂ©sirs ne sont qu’un immense besoin de puretĂ©. Il n’avait mis sa consolation chez aucune crĂ©ature. Lorsqu’on croit qu’une chose est tout, on ne saurait ĂȘtre Ă©branlĂ©, et il croyait que Dieu Ă©tait tout, que son humilitĂ©, son obĂ©issance, sa chastetĂ©, Ă©taient tout. Il se souvenait d’avoir entendu parler de la tentation comme d’une torture abominable qui Ă©prouve les plus saints. Lui, souriait. Dieu ne l’avait jamais abandonnĂ©. Il marchait dans sa foi, ainsi que dans une cuirasse qui le protĂ©geait contre les moindres souffles mauvais. Il se rappelait qu’à huit ans il pleurait d’amour, dans les coins ; il ne savait pas qui il aimait ; il pleurait parce qu’il aimait quelqu’un, bien loin. Toujours il Ă©tait restĂ© attendri. Plus tard, il avait voulu ĂȘtre prĂȘtre, pour satisfaire ce besoin d’affection surhumaine qui faisait son seul tourment. Il ne voyait pas oĂč aimer davantage. Il contentait lĂ  son ĂȘtre, ses prĂ©dispositions de race, ses rĂȘves d’adolescent, ses premiers dĂ©sirs d’homme. Si la tentation devait venir, il l’attendait avec sa sĂ©rĂ©nitĂ© de sĂ©minariste ignorant. On avait tuĂ© l’homme en lui, il le sentait, il Ă©tait heureux de se savoir Ă  part, crĂ©ature chĂątrĂ©e, dĂ©viĂ©e, marquĂ©e de la tonsure ainsi qu’une brebis du le soleil chauffait la grande porte de l’église. Des mouches dorĂ©es bourdonnaient autour d’une grande fleur qui poussait entre deux des marches du perron. L’abbĂ© Mouret, un peu Ă©tourdi, se dĂ©cidait Ă  s’éloigner, lorsque Voriau s’élança, en aboyant violemment, vers la grille du petit cimetiĂšre, qui se trouvait Ă  gauche de l’église. En mĂȘme temps, une voix Ăąpre cria – Ah ! vaurien, tu manques l’école, et c’est dans le cimetiĂšre qu’on te trouve !
 Ne dis pas non ! Il y a un quart d’heure que je te prĂȘtre s’avança. Il reconnut Vincent, qu’un FrĂšre des Ă©coles chrĂ©tiennes tenait rudement par une oreille. L’enfant se trouvait comme suspendu au-dessus d’un gouffre qui longeait le cimetiĂšre, et au fond duquel coulait le Mascle, un torrent dont les eaux blanches allaient, Ă  deux lieues de lĂ , se jeter dans la Viorne.– FrĂšre Archangias ! dit doucement l’abbĂ©, pour inviter le terrible homme Ă  l’ le FrĂšre ne lĂąchait pas l’oreille.– Ah ! c’est vous, monsieur le curĂ©, gronda-t-il. Imaginez-vous que ce gredin est toujours fourrĂ© dans le cimetiĂšre. Je ne sais pas quel mauvais coup il peut faire ici
 Je devrais le lĂącher pour qu’il allĂąt se casser la tĂȘte, lĂ -bas, au fond. Ce serait bien ne soufflait mot, cramponnĂ© aux broussailles, les yeux sournoisement fermĂ©s.– Prenez garde, FrĂšre Archangias, reprit le prĂȘtre ; il pourrait il aida lui-mĂȘme Vincent Ă  remonter.– Voyons, mon petit ami, que faisais-tu lĂ  ? On ne doit pas jouer dans les galopin avait ouvert les yeux, s’écartant peureusement du FrĂšre, se mettant sous la protection de l’abbĂ© Mouret.– Je vais vous dire, murmura-t-il en levant sa tĂȘte futĂ©e vers celui-ci. Il y a un nid de fauvettes dans les ronces, dessous cette roche. Voici plus de dix jours que je le guette
 Alors, comme les petits sont Ă©clos, je suis venu, ce matin, aprĂšs avoir servi votre messe
– Un nid de fauvettes ! dit FrĂšre Archangias. Attends, attends !Il s’écarta, chercha sur une tombe une motte de terre, qu’il revint jeter dans les ronces. Mais il manqua le nid. Une seconde motte lancĂ©e plus adroitement bouscula le frĂȘle berceau, jeta les petits au torrent.– De cette façon, continua-t-il en se tapant les mains pour les essuyer, tu ne viendras peut-ĂȘtre plus rĂŽder ici comme un paĂŻen
 Les morts iront te tirer les pieds, la nuit, si tu marches encore sur qui avait ri de voir le nid faire le plongeon, regarda autour de lui, avec le haussement d’épaules d’un esprit fort.– Oh ! je n’ai pas peur, dit-il. Les morts, ça ne bouge cimetiĂšre, en effet, n’avait rien d’effrayant. C’était un terrain nu, oĂč d’étroites allĂ©es se perdaient sous l’envahissement des herbes. Des renflements bossuaient la terre, de place en place. Une seule pierre, debout, toute neuve, la pierre de l’abbĂ© Caffin, mettait sa dĂ©coupure blanche, au milieu. Rien autre que des bras de croix arrachĂ©s, des buis sĂ©chĂ©s, de vieilles dalles enterrĂ©es, mangĂ©es de mousse. On n’enterrait pas deux fois l’an. La mort ne semblait point habiter ce sol vague, oĂč la Teuse venait, chaque soir, emplir son tablier d’herbe pour les lapins de DĂ©sirĂ©e. Un cyprĂšs gigantesque, plantĂ© Ă  la porte, promenait seul son ombre sur le champ dĂ©sert. Ce cyprĂšs, qu’on voyait de trois lieues Ă  la ronde, Ă©tait connu de toute la contrĂ©e sous le nom du Solitaire.– C’est plein de lĂ©zards, ajouta Vincent, qui regardait le mur crevassĂ© de l’église. On s’amuserait joliment
Mais il sortit d’un bond, en voyant le FrĂšre allonger le pied. Celui-ci fit remarquer au curĂ© le mauvais Ă©tat de la grille. Elle Ă©tait toute rongĂ©e de rouille, un gond descellĂ©, la serrure brisĂ©e.– On devrait rĂ©parer cela, Mouret sourit, sans rĂ©pondre. Et, s’adressant Ă  Vincent, qui se battait avec Voriau – Dis, petit ? demanda-t-il, sais-tu oĂč travaille le pĂšre Bambousse, ce matin ?L’enfant jeta un coup d’Ɠil sur l’horizon.– Il doit ĂȘtre Ă  son champ des Olivettes, rĂ©pondit-il, la main tendue vers la gauche
 D’ailleurs, Voriau va vous conduire, monsieur le curĂ©. Il sait sĂ»rement oĂč est son maĂźtre, il tapa dans ses mains, criant – Eh ! Voriau ! eh !Le grand chien noir hĂ©sita un instant, la queue battante, cherchant Ă  lire dans les yeux du gamin. Puis, aboyant de joie, il descendit vers le village. L’abbĂ© Mouret et FrĂšre Archangias le suivirent, en causant. Cent pas plus loin, Vincent les quittait sournoisement, remontant vers l’église, les surveillant, prĂȘt Ă  se jeter derriĂšre un buisson, s’ils tournaient la tĂȘte. Avec une souplesse de couleuvre, il se glissa de nouveau dans le cimetiĂšre, ce paradis oĂč il y avait des nids, des lĂ©zards, des tandis que Voriau les devançait sur la route poudreuse, FrĂšre Archangias disait au prĂȘtre, de sa voix irritĂ©e – Laissez donc ! monsieur le curĂ©, de la graine de damnĂ©s, ces crapaudslĂ  ! On devrait leur casser les reins, pour les rendre agrĂ©ables Ă  Dieu. Ils poussent dans l’irrĂ©ligion, comme leurs pĂšres. Il y a quinze ans que je suis ici, et je n’ai pas encore pu faire un chrĂ©tien. DĂšs qu’ils sortent de mes mains, bonsoir ! Ils sont tout Ă  la terre, Ă  leurs vignes, Ă  leurs oliviers. Pas un qui mette le pied Ă  l’église. Des brutes qui se battent avec leurs champs de cailloux !
 Menez-moi ça Ă  coups de bĂąton, monsieur le curĂ©, Ă  coups de bĂąton !Puis, reprenant haleine, il ajouta, avec un geste terrible – Voyez-vous, ces Artaud, c’est comme ces ronces qui mangent les rocs, ici. Il a suffi d’une souche pour que le pays fĂ»t empoisonnĂ©. Ça se cramponne, ça se multiplie, ça vit quand mĂȘme. Il faudra le feu du ciel, comme Ă  Gomorrhe, pour nettoyer ça.– On ne doit jamais dĂ©sespĂ©rer des pĂ©cheurs, dit l’abbĂ© Mouret, qui marchait Ă  petits pas, dans sa paix intĂ©rieure.– Non, ceux-lĂ  sont au diable, reprit plus violemment le FrĂšre. J’ai Ă©tĂ© paysan comme eux. Jusqu’à dix-huit ans, j’ai piochĂ© la terre. Et plus tard, Ă  l’Institution, j’ai balayĂ©, Ă©pluchĂ© des lĂ©gumes, fait les plus gros travaux. Ce n’est pas leur rude besogne que je leur reproche. Au contraire, Dieu prĂ©fĂšre ceux qui vivent dans la bassesse
 Mais les Artaud se conduisent en bĂȘtes, voyez-vous ! Ils sont comme leurs chiens qui n’assistent pas Ă  la messe, qui se moquent des commandements de Dieu et de l’Église. Ils forniqueraient avec leurs piĂšces de terre, tant ils les aiment !Voriau, la queue au vent, s’arrĂȘtait, reprenait son trot, aprĂšs s’ĂȘtre assurĂ© que les deux hommes le suivaient toujours.– Il y a des abus dĂ©plorables, en effet, dit l’abbĂ© Mouret. Mon prĂ©dĂ©cesseur, l’abbĂ© Caffin
– Un pauvre homme, interrompit le FrĂšre. Il nous est arrivĂ© de Normandie, Ă  la suite d’une vilaine histoire. Ici, il n’a songĂ© qu’à bien vivre ; il a tout laissĂ© aller Ă  la dĂ©bandade.– Non, l’abbĂ© Caffin a certainement fait ce qu’il a pu ; mais il faut avouer que ses efforts sont restĂ©s Ă  peu prĂšs stĂ©riles. Les miens eux-mĂȘmes demeurent le plus souvent sans Archangias haussa les Ă©paules. Il marcha un instant en silence, dĂ©hanchant son grand corps maigre taillĂ© Ă  coups de hache. Le soleil tapait sur sa nuque, au cuir tannĂ©, mettant dans l’ombre sa dure face de paysan, en lame de sabre.– Écoutez, monsieur le curĂ©, reprit-il enfin, je suis trop bas pour vous adresser des observations ; seulement, j’ai presque le double de votre Ăąge, je connais le pays, ce qui m’autorise Ă  vous dire que vous n’arriverez Ă  rien par la douceur
 Entendez-vous, le catĂ©chisme suffit. Dieu n’a pas de misĂ©ricorde pour les impies. Il les brĂ»le. Tenez-vous-en Ă  comme l’abbĂ© Mouret, la tĂȘte penchĂ©e, n’ouvrait point la bouche, il continua – La religion s’en va des campagnes, parce qu’on la fait trop bonne femme. Elle a Ă©tĂ© respectĂ©e, tant qu’elle a parlĂ© en maĂźtresse sans pardon
 Je ne sais ce qu’on vous apprend dans les sĂ©minaires. Les nouveaux curĂ©s pleurent comme des enfants avec leurs paroissiens. Dieu semble tout changé  Je jurerais, monsieur le curĂ©, que vous ne savez mĂȘme plus votre catĂ©chisme par cƓur ?Le prĂȘtre, blessĂ© de cette volontĂ© qui cherchait Ă  s’imposer si rudement, leva la tĂȘte, disant avec quelque sĂ©cheresse – C’est bien, votre zĂšle est louable
 Mais n’avez-vous rien Ă  me dire ? Vous ĂȘtes venu ce matin Ă  la cure, n’est-ce pas ?FrĂšre Archangias rĂ©pondit brutalement – J’avais Ă  vous dire ce que je vous ai dit
 Les Artaud vivent comme leurs cochons. J’ai encore appris hier que Rosalie, l’aĂźnĂ©e du pĂšre Bambousse, est grosse. Toutes attendent ça pour se marier. Depuis quinze ans, je n’en ai pas connu une qui ne soit allĂ©e dans les blĂ©s avant de passer Ă  l’église
 Et elles prĂ©tendent en riant que c’est la coutume du pays !– Oui, murmura l’abbĂ© Mouret, c’est un grand scandale
 Je cherche justement le pĂšre Bambousse pour lui parler de cette affaire. Il serait dĂ©sirable, maintenant, que le mariage eĂ»t lieu au plus tĂŽt
 Le pĂšre de l’enfant, paraĂźt-il, est FortunĂ©, le grand fils des Brichet. Malheureusement les Brichet sont pauvres.– Cette Rosalie ! poursuivit le FrĂšre, elle a juste dix-huit ans. Ça se perd sur les bancs de l’école. Il n’y a pas quatre ans, je l’avais encore. Elle Ă©tait dĂ©jĂ  vicieuse
 J’ai maintenant sa sƓur Catherine, une gamine de onze ans qui promet d’ĂȘtre plus Ă©hontĂ©e que son aĂźnĂ©e. On la rencontre dans tous les trous avec ce petit misĂ©rable de Vincent
 Allez, on a beau leur tirer les oreilles jusqu’au sang, la femme pousse toujours en elles. Elles ont la damnation dans leurs jupes. Des crĂ©atures bonnes Ă  jeter au fumier, avec leurs saletĂ©s qui empoisonnent ! Ça serait un fameux dĂ©barras, si l’on Ă©tranglait toutes les filles Ă  leur dĂ©goĂ»t, la haine de la femme le firent jurer comme un charretier. L’abbĂ© Mouret, aprĂšs l’avoir Ă©coutĂ©, la face calme, finit par sourire de sa violence. Il appela Voriau, qui s’était Ă©cartĂ© dans un champ voisin.– Et, tenez ! cria FrĂšre Archangias, en montrant un groupe d’enfants jouant au fond d’une ravine, voilĂ  mes garnements qui manquent l’école, sous prĂ©texte d’aller aider leurs parents dans les vignes !
 Soyez sĂ»r que cette gueuse de Catherine est au milieu. Elle s’amuse Ă  glisser. Vous allez voir ses jupes par-dessus sa tĂȘte. LĂ , qu’est-ce que je vous disais !
 À ce soir, monsieur le curé  Attendez, attendez, gredins !Et il partit en courant, son rabat sale volant sur l’épaule, sa grande soutane graisseuse arrachant les chardons. L’abbĂ© Mouret le regarda tomber au milieu de la bande des enfants, qui se sauvĂšrent comme un vol de moineaux effarouchĂ©s. Mais il avait rĂ©ussi Ă  saisir par les oreilles Catherine et un autre gamin. Il les ramena du cĂŽtĂ© du village, les tenant ferme de ses gros doigts velus, les accablant d’ prĂȘtre reprit sa marche. FrĂšre Archangias lui causait parfois d’étranges scrupules ; il lui apparaissait dans sa vulgaritĂ©, dans sa cruditĂ©, comme le vĂ©ritable homme de Dieu, sans attache terrestre, tout Ă  la volontĂ© du ciel, humble, rude, l’ordure Ă  la bouche contre le pĂ©chĂ©. Et il se dĂ©sespĂ©rait de ne pouvoir se dĂ©pouiller davantage de son corps, de ne pas ĂȘtre laid, immonde, puant la vermine des saints. Lorsque le FrĂšre l’avait rĂ©voltĂ© par des paroles trop osĂ©es, par quelque expression trop brutale, il s’accusait ensuite de ses dĂ©licatesses, de ses fiertĂ©s de nature, comme de vĂ©ritables fautes. Ne devait-il pas ĂȘtre mort Ă  toutes les faiblesses de ce monde ? Cette fois encore, il sourit tristement, en songeant qu’il avait failli se fĂącher de la leçon emportĂ©e du FrĂšre. C’était l’orgueil, pensait-il, qui cherchait Ă  le perdre, en lui faisant prendre les simples en mĂ©pris. Mais, malgrĂ© lui, il se sentait soulagĂ© d’ĂȘtre seul, de s’en aller Ă  petits pas, lisant son brĂ©viaire, dĂ©livrĂ© de cette voix Ăąpre qui troublait son rĂȘve de tendresse route tournait entre des Ă©croulements de rocs, au milieu desquels les paysans avaient, de loin en loin, conquis quatre ou cinq mĂštres de terre crayeuse, plantĂ©e de vieux oliviers. Sous les pieds de l’abbĂ©, la poussiĂšre des orniĂšres profondes avait de lĂ©gers craquements de neige. Parfois, en recevant Ă  la face un souffle plus chaud, il levait les yeux de son livre, cherchant d’oĂč lui venait cette caresse ; mais son regard restait vague, perdu sans le voir, sur l’horizon enflammĂ©, sur les lignes tordues de cette campagne de passion, sĂ©chĂ©e, pĂąmĂ©e au soleil, dans un vautrement de femme ardente et stĂ©rile. Il rabattait son chapeau sur son front, pour Ă©chapper aux haleines tiĂšdes ; il reprenait sa lecture, paisiblement ; tandis que sa soutane, derriĂšre lui, soulevait une petite fumĂ©e, qui roulait au ras du chemin.– Bonjour, monsieur le curĂ©, lui dit un paysan qui bruits de bĂȘche, le long des piĂšces de terre, le sortaient encore de son recueillement. Il tournait la tĂȘte, apercevait au milieu des vignes de grands vieillards noueux, qui le saluaient. Les Artaud, en plein soleil, forniquaient avec la terre, selon le mot de FrĂšre Archangias. C’étaient des fronts suants apparaissant derriĂšre les buissons, des poitrines haletantes se redressant lentement, un effort ardent de fĂ©condation, au milieu duquel il marchait de son pas si calme d’ignorance. Rien de troublant ne venait jusqu’à sa chair du grand labeur d’amour dont la splendide matinĂ©e s’emplissait.– Eh ! Voriau, on ne mange pas le monde ! cria gaiement une voix forte, faisant taire le chien qui aboyait Mouret leva la tĂȘte.– C’est vous, FortunĂ©, dit-il, en s’avançant au bord du champ, dans lequel le jeune paysan travaillait. Je voulais justement vous avait le mĂȘme Ăąge que le prĂȘtre. C’était un grand garçon, l’air hardi, la peau dure dĂ©jĂ . Il dĂ©frichait un coin de lande pierreuse.– Par rapport, monsieur le curĂ© ? demanda-t-il.– Par rapport Ă  ce qui s’est passĂ© entre Rosalie et vous, rĂ©pondit le se mit Ă  rire. Il devait trouver drĂŽle qu’un curĂ© s’occupĂąt d’une pareille chose.– Dame, murmura-t-il, c’est qu’elle a bien voulu. Je ne l’ai pas forcĂ©e
 Tant pis si le pĂšre Bambousse refuse de me la donner ! Vous avez bien vu que son chien cherchait Ă  me mordre tout Ă  l’heure. Il le lance contre Mouret allait continuer, lorsque le vieil Artaud, dit Brichet, qu’il n’avait pas vu d’abord, sortit de l’ombre d’un buisson, derriĂšre lequel il mangeait avec sa femme. Il Ă©tait petit, sĂ©chĂ© par l’ñge, la mine humble.– On vous aura contĂ© des menteries, monsieur le curĂ©, s’écria-t-il. L’enfant est tout prĂȘt Ă  Ă©pouser la Rosalie
 Ces jeunesses sont allĂ©es ensemble. Ce n’est la faute de personne. Il y en a d’autres qui ont fait comme eux et qui n’en ont pas moins bien vĂ©cu pour cela
 L’affaire ne dĂ©pend pas de nous. Il faut parler Ă  Bambousse. C’est lui qui nous mĂ©prise, Ă  cause de son argent.– Oui, nous sommes trop pauvres, gĂ©mit la mĂšre Brichet, une grande femme pleurnicheuse, qui se leva Ă  son tour. Nous n’avons que ce bout de champ, oĂč le diable fait grĂȘler les cailloux, bien sĂ»r. Il ne nous donne pas du pain
 Sans vous, monsieur le curĂ©, la vie ne serait pas mĂšre Brichet Ă©tait la seule dĂ©vote du village. Quand elle avait communiĂ©, elle rĂŽdait autour de la cure, sachant que la Teuse lui gardait toujours une paire de pains de la derniĂšre cuisson. Parfois mĂȘme, elle emportait un lapin ou une poule, que lui donnait DĂ©sirĂ©e.

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